Monsieur  Chenille,
Veuillez agréer mes excuses. Je vous ai toujours vu rampant, visqueux, lent, et, franchement… laid.
À vrai dire, je ne vous ai pas reconnu dans votre beauté, car nous nous n’étions pas à la même …hauteur.
Je m’étais oublié. Et je vous pris de me pardonner de m’avoir pris de haut, puisque j’ignorais que je rampais avant.
 

J’en ai conclus que nous n’étions pas du même « monde », mais que j’étais rendu à un point de vision qui m’a totalement fourbé sur votre rôle en ce monde. Dans la nature, il n’y a pas de rôle laid, il n’y a que des yeux myopes de l’esprit.
Je dois avouer que dans l’étourderie de mes vols, j’en avais oublié totalement ma naissance, ma source, et qu’un peu devenu aérien, tout ce qui était en bas n’était pas ce qui est en haut.
Je vous attendrai au moment où pousseront vos ailes, car, en m’attardant, j’ai vite compris que nous vivions non pas sur des sols différents, mais à des niveaux différents… Du moins pour le moment… Car un moment n’est qu’un petit point dans l’éternité.
Je ne puis pas m’empêcher de vous dire que je vous aime puisque ce serait me détester moi-même.
Ça m’a pris un temps énorme et une grande transformation, bien plus que celle des ailes… Dans mes inattentions, je peux maintenant voir que bien des choses et des êtres m’échappent.
J’en suis à penser que si « vous », oui VOUS, êtes devenu moi, et qu’un jour nous aurons les yeux dans les yeux, volant, nous échangerons sur ce que le papillon pourrait devenir si nous pouvions grimper plus haut.

Veuillez agréer mes salutations distinguées

Papillon

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