dimanche 23 février 2014

L'iconographie Templière en Amérique...

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Si les Japonais ont véhiculé le svastika vers l’Amérique, si les anciens Chinois y ont apporté la croix ordinaire à branches égales, la croix pattée, elle, n’a pas connu un tel cheminement transpacifique.
Aisément retrouvable dans l’iconographie mexicaine préhispanique, cette croix « particulière » y est venue de l’Est lointain avant d’être diffusée vers l’Amérique du Suden suivant un chemin complexe, jalonné, pour l’essentiel, par des gravures rupestres, et qui va du littoral caraïbe jusqu’au Brésil, en Bolivie ou au Pérou.


Les dessins rupestres colombiens font largement état de cette présence. Les gravures des rochers de Chaquya, Tunja, Parama, tout comme les figurations de Tiahuanaco ou du Pérou, comportent toutes la même croix.
L’acheminement de ces croix vers le Pérou est aussi attesté par la présence à leur côté des motifs des tocapos péruviens en de nombreux endroits jalonnant leur route vers le sud.
D’origine très nettement européenne, la croix pattée, reprise par l’iconographie des Nordiques descendus vers Tiahuanaco, pourrait appartenir aux Templiers qui l’ont, semble-t-il, emportée avec eux dans... leur exil américain.
L’idée de la présence des Templiers en Amérique n’est pas nouvelle. C’est en effet une des solutions à envisager pour élucider le mystère des Tecpantlacs apparus au Nouveau Monde vers la fin du xive siècle et dont les anciens manuscrits en provenance du Mexique préhispanique relatent l’organisation et les coutumes. Dans une belle étude, publiée en 1902, l'archéologue et historien Eugène Beauvois, s’est déjà longuement intéressé à ce problème.
ico-bolivieD’anciens chroniqueurs et auteurs comme Motolinia, Chimalpahin, Lopez de Gomara, Juan de Torquemada et d’autres, ont raconté l’arrivée au Mexique préhispanique, en l’an 2 du roseau — soit en 1194-1195 — d’un groupe de tribus aux conceptions religieuses étranges et qui étaient vraisemblablement des Blancs. Les sources de ces chroniqueurs étaient les Codex Vaticanus n° 3738 (Codex Ríos) et Tellerianus, qui demeurent le matériau de base de ceux qui, aujourd’hui encore, s’intéressent aux Tepantlacs.

En gros, ces Tecpantlacs, dont le nom mexicain signifiait les « gens du temple », connaissaient une organisation théocratique. Ils vivaient dans une société divisée en trois catégories sociales :

— les Nonoalcas ou Nonohualcs, les plus nombreux, les « muets », allusion à leur langue incompréhensible et à leur condition humble (ils ne parlaient aux voisins qu’en présence de leurs chefs), qui étaient habituellement des artisans ou des cultivateurs ;

— les Teotliks, « messagers des dieux » (hommes à face divine, individus qui portent les yeux de Dieu et pourvoient à ses offices). Torquemada, se rapportant à ces ministres du culte, relate qu’ils se prétendaient originaires d’un pays situé au « soleil levant » ;

— les Tlacochcalcs, « plus nobles que les nobles », exempts de toute contribution féodale, exonérés de tribut, protégés par le dieu suprême, Texcatlipoca, étaient, eux, les « guerriers du temple ». Parmi eux, certains exerçaient la magistrature du dieu, les autres étaient les dignitaires laïcs.

flotte-templierTlacochcalcs, Teotlics et Nonoalcas rappellent étrangement les Templiers, dont l’ordre comprenait aussi trois catégories de servants : les chevaliers, soldats du temple, équivalents aux guerriers laïcs ou ascètes qu’étaient les Tlacochcalcs ; les chapelains, tout à fait comparables aux Teotlics ; enfin, les frères et autres affiliés de l’ordre, dont la condition évoque celle des Nonoalcas.

Ajoutons à cela que le nom générique de ces hommes — Tecpantlacs — provenait des termes nahua tecpan : temple et tlacatl : gens, hommes [Teocalli = maison de dieu, sanctuaire et aussi : temple; Tecpan = maison ou enceinte sacrée des ou de dieu].

Pour mieux cerner le rapprochement Tecpantlacs-Templiers, il faut d’abord résoudre deux problèmes, l’un concernant la chronologie, l’autre l’itinéraire par lequel les Templiers auraient pu éventuellement gagner l’Amérique.

Lord Kingsborough datait le commencement de l’immigration des Tecpantlacs de l’an 2 du roseau, correspondant aux années 1194 ou 1195 de notre ère. Une analyse plus serrée des textes semble toutefois militer en faveur de la thèse de Don Domingo de San Anton y Munon Chimalpahin Quauhtle-huanitzin, qui situe le départ des Tecpantlacs vers le Mexique dans la première année tecpatl (année du silex), soit en 1272.

D’autres précisions dues aux mêmes sources donnent aussi la date de 1294, qui correspond précisément à un renouveau de l’épopée viking puisque c’est à ce moment-là que se place une redécouverte d’importance.

Les Annales de l'Islande, reprenant les données de la fameuse Saga de l’évêque de Hols , annoncent en effet la redécouverte de la Nijia Land (littéralement : Terre Neuve) en... 1294.
794px-Chateau de VauclercCes faits, l’intérêt porté par les pêcheurs des côtes françaises à la morue, dont la pêche fut réglementée en 1143 par une charte de Thierry, comte des Flandres, firent que de très bonne heure on pourchassa le saumon jusque dans les eaux anglaises, d’abord, puis irlandaises, islandaises, et ainsi de suite... Or, ces pêcheurs n’avaient pas de secrets pour les Templiers qui disposaient d’ailleurs en France à La Rochelle, de leur propre port.

Ajoutons que, vers 1304, de nouveaux immigrants arrivèrent en Amérique. Les Poyanhtecs, derniers en date, se mêlèrent aux précédents. On les connaîtra sous le nom de Chalcs. La puissance, militaire et théocratique, des Chalcs se manifesta au Mexique dès 1297, date à laquelle ils contrôlaient la région de Xochimilco. Les Chalcs contribuèrent à l’essor culturel des Chichimecs, avant de sombrer dans la ruine et la déchéance vers 1405-1410.

L’iconographie mexicaine nous a gardé l’image guerrière d’un des rois de Texcoco, le vaillant Nezahualcoyotzin. Aussi sage que courageux, puisqu’il retourna au xve siècle aux croyances, depuis longtemps perdues, de ses ancêtres... templiers, il alimenta de nombreuses traditions et légendes de ses idées sur le dieu suprême, unique, créateur de tout ce qui existe, sur le Paradis, l’Enfer, et l’immortalité de l’âme.

Ce sont encore les Chalcs qui — selon le Père Diego Duran — ont légué aux habitants de la ville d’Ocuiltuco, proche des Xochimilcs, « un grand livre sacré aux caractères différents tant de ceux des Espagnols que des Mexicains »... Il s’agit peut-être d’un livre latin, voire hébraïque, ou d’un ouvrage hermétique d’origine templière, comme celui que consulta le vieux Quilatzli sur la demande de Moctezuma, lors de l’arrivée des Espagnols, pour lui montrer des dessins coloriés représentant des Blancs barbus en armures, montés sur des chevaux, et dont les navires rappelaient plus ou moins ceux des Espagnols.

codex-riosMais si la chronologie permet de tels recoupements, qu’en est-il de leur itinéraire éventuel ? Les codex et les anciens chroniqueurs sont formels. Les immigrants venaient d’un pays situé au delà (du point de vue américain) du grand océan de l’Est, et appelé Tlapallan Chicomoztoc. L’auteur, qui est d’origine indigène, précise qu’après avoir quitté leur contrée natale, ces hommes s’embarquèrent sur des coquillages — nom d’origine locale pour navire — et traversèrent la grande mer divine* pour entrer dans les eaux d’un gigantesque cours d’eau, qui pourrait être le Saint-Laurent.

Après avoir pénétré profondément en terre nord-américaine, les immigrants quittèrent le cours du fleuve pour se tourner vers l’Orient. Ils retraversèrent l’Océan. Eugène Beauvois cite à ce propos le cas de trois rois légendaires des Quiches et des Cakchiquels qui traversèrent également l’océan en direction de l’est, pour se faire couronner.
Arrivés une deuxième fois, en Amérique, les immigrants débarquèrent àMichintlaco* pour y adorer Acihuatl*, « la grande dame (maîtresse) des eaux ». Reprenant une nouvelle fois la mer, ils abordèrent une île, avant d’aboutir au Mexique, à Tullan.

L’histoire de Chimalpahin ainsi que celles d’autres auteurs regorgent de détails et de noms de lieux, malheureusement incompréhensibles et non localisables. Quoi qu’il en soit, ces traditions contiennent une grande part de vérité.
Au reste, le fait même que ces gens aient foulé les mêmes régions du sol américain que leurs prédécesseurs vikings du Xe et du XIe siècle, ou que leurs successeurs du XIVe siècle et que ces endroits aient été les mêmes qui avaient vu débarquer en leur temps Celtes et Irlandais, contribua à l’inextricable mosaïque des traditions locales se rapportant aux vagues successives de ces Blancs si semblables et si différents à la fois.
Quoi qu’il en soit, les Vikings furent les bénéficiaires de l’apport extra-américain de cette présence encore mal connue de nos jours, et s’approprièrent une partie de l’héritage laissé par les Tecpantlacs.

C’est ainsi que le symbole de la triple enceinte (lui-même emprunté à la symbolique orientale qui le tenait des hommes des mégalithes) utilisé par les Templiers en Terre sainte ou en France, se retrouve sous le même aspect en France — à Chinon et à Gisors — et en Colombie et en Bolivie, sur la route des Vikings vers le Paraguay.
Triples-enceintesTriples enceintes et croix pattées, qui aurait pu croire qu’elles allaient un jour quitter l’arsenal de la symbolique templière pour jalonner non seulement les routes de la deuxième aventure des Norrois en Amérique, mais aussi quelques rochers isolés dans l’immensité de l’Océanie, et cela à la faveur du dernier volet d’une grande aventure viking, qui devait les conduire jusque dans le Pacifique oriental.
Notes :
grande mer divine* : Cette mer qui devait leur apporter le mythique Quetzal coati, le dieu blanc et barbu dont ils attendaient le retour et que le moine Sahagun (traduisant littéralement les termes indigènes) appelle « la mar del cielo arriba » (« la mer qui devait apporter le ciel », c’est-à-dire, en fait, le personnage céleste).
Michintlaco* : Michin en nahua signifie poisson. Littéralement : l’endroit du poisson (vraisemblablement dans l’estuaire du Saint-Laurent ou en Terre Neuve).
Acihuatl* : Allusion à la Vierge Marie, adorée par les pêcheurs des côtes orientales de l’Atlantique et par les templiers sous la qualification de Stella Maris (les recherches de Beauvois ont abouti à trouver dans des documents templiers, une litanie comportant ce nom, en latin).
Sources et Bibliographies :
  • Pierre Carnac : Les Conquérants du Pacifique, éditions Robert Laffont, 1975.
  • Jacques de Mahieu : Les templiers en Amérique. J'ai Lu, 1999.
  • Eugène Beauvois : « Les templiers de l’ancien Mexique et leur origine européenne », in Muséum, nouvelle série, Vol. III. Louvain, 1902.
  • Gérard Serbanesco : L’histoire de l’ordre des Templiers et les croisades, Paris, 1969.
  • Annales (traduites par R. Siméon), Paris, 1889.
  • Biscupa Saegur, Copenhague, 1857.
  • Pierre de Sermoise : Les missions secrètes de Jehanne la Pucelle, Paris, 1970.
  • Diego Duran : Historia de los Indios, tome I et tome II.
Photos :
  • 1) Portrait d'un templier tiré du Monasticon anglicanum, tome 11, page 517.
  • 2) Extrait du livre de Pierre Carnac, Les Conquérants du Pacifique, page 133.
  • 3) Image d'un navire, artiste inconnu.
  • 4) Illustration du port primitif, défendue par le Château Vauclair, issue de La Rochelle Disparue, de Emile Couneau, 1904.
  • 5) Extrait du Codex Vaticanus 3773
  • 6) Extrait du livre de Pierre Carnac, Les Conquérants du Pacifique, page 138.

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