lundi 27 août 2012

Ça vas couté cher...



Le rapport publié le 21 août par l’organisme français est sans ambiguité, la crise est grave.

La production de maïs US serait inférieure de 100 Mt aux prévisions formulées en juin par l'USDA. La production de maïs est projetée à 274 Mt soit 40 Mt de moins qu'en 2011 (-15 %).



Elle serait la plus faible depuis 2006/07, alors qu’à l’époque les utilisations de maïs pour l’éthanol n’étaient que de 54 Mt contre 114 Mt projetées pour 2012/13. Cette situation est d'autant plus préoccupante que des sécheresses sévères sont également constatées dans l'Est de l'UE et surtout dans le bassin de la mer Noire. Enfin en Asie, la mousson indienne est inférieure de quelque 15 % à la normale, tandis que des pluies diluviennes s'abattent sur l'archipel des Philippines et en particulier sur la principale zone de production de riz du pays.

Dans l’hémisphère Nord, blé et orge sont toujours en cours de récolte, tandis que maïs et soja sont encore sur pied. Dans ces conditions, les prévisions de récoltes peuvent encore être revues. Aux Etats-Unis, les rendements des maïs et des sojas seront révisés début septembre par l'USDA. De même, dans ce rapport, l'étendue des surfaces récoltées fera sûrement l'objet de nouvelles prévisions. En Russie, la récolte des céréales à paille est en cours dans l'Oural, le bassin de la Volga et en Sibérie (Altaï) En Inde, la faiblesse de la mousson peut avoir des conséquences, selon les régions, sur les surfaces dédiées au blé en vue de la récolte 2013.

Nous sommes donc encore dans une période d'incertitude. Mais une chose est quasi certaine : pour la troisième fois en cinq ans, la campagne va être marquée par des prix exceptionnellement élevés. Les achats égyptiens de blé réalisés les 13 et 14 août, les premiers de la campagne, se sont réalisés à des prix proches des 350 $/t soit 100 $ de plus que lors du dernier achat de la campagne 2011/12 effectué en avril 2012

L'ajustement des bilans mondiaux se fera par l'intermédiaire d'un rationnement de la demande. Il pourrait en résulter, particulièrement au Proche et au Moyen-Orient, de nouvelles tensions alimentaires comme en 2007/08. Dans les pays développés, on peut craindre que, face à cette nouvelle hausse du cours des céréales et du soja, les élevages ne soient contraints d'abattre du cheptel faute de pouvoir trouver des débouchés permettant de couvrir les coûts de production.

D’un strict point de vue français, l’abondante production de céréales à paille et la probable bonne, voire excellente, récolte de maïs devraient rencontrer une importante demande, tant sur le marché domestique que sur ceux de l'UE et des Pays Tiers.

Comme en 2008 ou 2010 ce n’est pas la pénurie physique de grains qui est à redouter mais bien davantage les conséquences sociales de la hausse prévisible du prix des denrées alimentaires dans les pays importateurs comme dans les pays producteurs. Ainsi en est-il de la résurgence aux USA des mouvements d’opposition à l’éthanol de maïs. Intervenant en année d’élection présidentielle, ces paramètres politiques s’ajoutent aux stricts calculs économiques pour apprécier la probabilité d’une décision de révision à la baisse du mandat.

Dès le 20 juillet, l’USDA publiait une étude d’impact de la sécheresse sur les prix des denrées alimentaires, ce qui témoigne de l’importance accordée à cet aspect de la question. L’étude rappelle que la hausse d’un indice de prix d’une matière première donnée se répercute, en général, à hauteur de 15 % sur les prix de détail des produits qui incorporent cette matière première.

L’étude USDA indique qu’il faudra probablement 10 à 12 mois avant que l’on puisse pleinement constater la répercussion de la hausse des prix du maïs sur les produits manufacturés (céréales de petit déjeuner, farines et semoules…).

En ce qui concerne la viande, les premiers effets devraient se manifester d’ici les deux prochains mois et consister, dans un premier temps, en une baisse des prix due à l’accélération du rythme des abattages en raison du coût de l’aliment ; dans un deuxième temps, en revanche, lorsque cette offre additionnelle de viande aura été résorbée, il faut s’attendre à une baisse de la production de viande, à une augmentation des prix et à une consommation en retrait.

Céréales et sécheresse : le pire est à venir

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