dimanche 1 juillet 2012

Pauvres hommes




Peaux de tigres, bile d’ours, cornes de rhinocéros… Avec des prix dépassant ceux de la drogue, ces produits causent la perte de milliers d’animaux sauvages chaque année. Victimes de croyances sur les vertus médicinales de leurs organes, ils sont la cible de mafias et de trafics que le journaliste Louis Bériot a pistés pour écrire son ouvrage Ces animaux qu’on assassine (parution le 12 janvier aux éditions du Cherche-midi). Louis Bériot porte un regard pessimiste sur l’avenir des espèces menacées et dénonce la cruauté des hommes.




Parmi les espèces victimes de trafic, votre livre évoque essentiellement les tigres. Pourquoi?

J’étais en Inde quand j’ai rencontré Fateh Singh Rathore, l’homme qui a conseillé à Indira Gandhi de créer des réserves de tigres. A l’époque, l’Inde avait déjà perdu 98% de sa population de tigres. Grâce à ces réserves, les tigres sont revenus mais depuis une dizaine d’années leur nombre régresse à cause du braconnage, devenu le fait de mafias professionnelles. Le trafic de tigres a pris des proportions incroyables, cela m’a interloqué. Le tigre est donc le fil que je tire pour découvrir l’ampleur du trafic et du danger qu’il représente pour la biodiversité.

Pourquoi le trafic des animaux sauvages est-il devenu si important?

Le problème est simple: le trafic d’armes ou de drogue sont de plus en plus surveillés, tandis que le trafic d’animaux ne l’est quasiment pas. Les petits braconniers se sont mis au service de mafias internationales. Le bureau d’Interpol chargé de ce dossier ne dispose que d’un budget de 500.000 euros par an, et les douaniers font ce qu’ils peuvent. Quand ils arrêtent des trafiquants, les peines de prison ne sont pas suffisantes. Et parallèlement, le commerce de produits  issus d’animaux sauvages a explosé avec la vente sur Internet.

Vous évoquez les fermes d’élevage de tigres en Asie. Ce qui semblait être une réponse à la demande de produits issus d’animaux sauvages encouragerait en fait le braconnage, pourquoi?

C’est du snobisme… Comme pour le saumon chez nous, on se dit qu’il vaut mieux du sauvage que de l’élevage, que c’est plus efficace. Les riches Chinois veulent du tigre sauvage. Les responsables des médecines traditionnelles chinoises ont beau dénoncer cette superstition, personne ne les écoute. D’autre part, l’«éco-tourisme» dans ces réserves habitue les animaux à la présence humaine, ce qui les rend faciles à braconner. L’Inde a déclaré en 2011 qu’elle allait interdire le cœur des réserves à la visite, mais va-t-elle réellement le faire?

Vous semblez très pessimiste sur l’avenir de la planète et des animaux. On ne peut plus rien faire, selon vous?

C’est la première fois que je suis si pessimiste. Je rends bien sûr hommage aux associations, j’ai été frappé par leur courage et leur détermination. Ce que l’on peut faire à l’échelle individuelle est de ne plus acheter chinois pour montrer son désaccord avec la manière dont ce pays traite les animaux sauvages. Pour sauver la forêt indonésienne, on peut arrêter d’acheter des produits contenant de l’huile de palme et du papier fabriqué par des entreprises indonésiennes qui déforestent massivement.

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