samedi 30 janvier 2016

Méditation...

Marcher, c’est frémir un peu… Il n’y a de poésie que dans l’œil ouvert, le pas lent, et toute la beauté du monde. Même celle qui fait un peu douleur. Entre l’automne et l’hiver, quand la pluie a peur de mourir pour devenir neige, que les arbres souffrent, on reste béat.
Je ne sais pas ce qu’est « Dieu« . Je ne connais rien de


toute cette beauté que personne ne pourra jamais analyser. Les universitaires ne font pas de doctorat au sujet du grésil, ni des pas des petites bêtes qui traversent les sentiers. Les mots sont parfois comme des dessins d’enfants pour tenter de traduire. Le grand langage est celui des émotions. Intraduisible. Trop grand pour être enfermé. Comme les nuages dans une cage d’oiseaux. Comme le vent à saisir dans une main. Comme une vie dans toutes les vies. Là, dans le silence, parfois traversé par un chant d’oiseaux, là où personne ne voit le spectacle, là où la pensée est étranglée – cette pensée toujours en action, torrentielle, brûlante par ses peurs, ses craintes de manquer de tout, du grand vide intérieur sculpté par les sociétés – là, il se passe tout dans ces lampions de glace.
Mourir ? On vend des paysages, des photos, des écrits, de la poésie, des chants… Mais dans ce tout lié, le sauvage aux dents d’or vous vendra bientôt les larmes des arbres. Qui donc a peur de mourir dans ce mouroir de craintes, de terroristes falsifiés par les petits Satan. Ne pas vivre décemment, ne pas avoir un toit, ne pas avoir cette aventure de l’esprit, ne pas avoir cette simplicité, mais seulement un « conte » en banque, c’est être mort depuis longtemps. Alors la mort, ou la peur de « disparaître » en ego a depuis longtemps cessé de me hanter. Et le premier amour est celui de soi. On ne peut aimer les autres sans s’aimer. Si la « culture » est livresque ou numérique, sans âme, c’est une faucheuse pire que la grande.
On rejoint la Vie à travers les autres, et les autres à travers la Vie. Les choses, les animaux, les plantes, la moindre et infime brindille. L’ultime point de rencontre n’est pas de comprendre au sens intellectuel, c’est qu’à un certain moment, il y a comme une illumination soudaine et incompréhensible avec une partie du cerveau. Il faut plus que des diplômes pour y arriver. Il faut plus que de la « littérature« . Il faut simplement être. S’accomplir et une lutte perpétuelle contre l’orgueil et la haine. C’est ainsi… Les arbres n’ont pas d’orgueil. Ils se couchent, meurent, subissent tous les sévices de la nature comme nous subissons tous ceux des sociétés qui nous ont fait accroire que nous serions à l’abri de tout.
Nous payons cher pour les armes qui font sauter les abris. Il n’y a jamais eu, dans toute l’Histoire de l’humanité, homme plus démunis, plus nu, ayant plus froid, plus peur, être plus craintif et déchiré dans son âme. Le « progrès » est une arnaque à laquelle nous participons tous. Le faux. Celui qui vous apprend qu’il y a plus d’ennemis que d’amis.
Je ne sais si dans 50 ans, il y aura encore des arbres. Ni même une abeille… Comprenez qu’en détruisant ce qui est et nous nourrit nous nous détruisons. Marchandiser la Nature à outrance est nous marchandiser. Nous en faisons partie. Et qui sait si le réel savoir ne vient pas d’elle ?
Gaëtan Pelletier 
(texte et photos)
5 décembre 2013

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