dimanche 20 juillet 2014

Le Grimoire des herbes magiques



 
 Les herbes possèdent des pouvoirs
La nature a prévu une véritable réserve magique avec les plantes qui couvrent notre planète.
Depuis des temps immémoriaux, ces plantes ont été utilisées dans la magie, cet art méconnu d’opérer des métamorphoses grâce aux pouvoirs naturels.
Dans les temps anciens, les plantes étaient des dieux ou des déesses ; les esprits et les magiciens vivaient dans la nodosité des chênes et ils murmuraient dans le sein des fleurs. Nos ancêtres découvrirent les forces présentes dans chaque plante, ils les maîtrisèrent pour améliorer leur existence.
Aujourd’hui encore, les herbes et les fleurs sauvages qui embellissent nos villes et nos campagnes, les plantes ornementales et comestibles de nos jardins, et même les plus banales plantes d’appartement possèdent, nous le savons, des pouvoirs inexploités. L’herborisation magique est l’utilisation de ces pouvoirs.
Quoique les propriétés médicinales des plantes soient bien connues – bon nombre de
médicaments courants sont la version synthétique de substances originelles dérivées des plantes -, leurs pouvoirs occultes sont moins accessibles. L’essentiel de la magie demeure dans l’ombre du secret.
Ce livre se propose d’apporter un éclaircissement sur les propriétés occultes des plantes. Plus de quatre cents espèces sont définies, avec les procédés magiques pour en tirer parti.
Loin de se complaire dans l’ésotérisme en évoquant des espèces introuvables, ce livre permet la plupart du temps de retrouver de vieilles amies. Oignons, noix de cajou, pommes, riz, laitues, aussi bien que l’aneth, le basilic, le fenouil et cent autres plantes sont répertoriées. Une de référence des noms vernaculaires, un glossaire, une bibliographie annotée font de cet ouvrage un livre extrêmement pratique.

Préface
Magie blanche
Au VIIe livre des Métamorphoses, Ovide décrit les cérémonies par lesquelles la magicienne Médée, sollicitée par Jason de rajeunir son père Éson, se prépare à réaliser cette œuvre prodigieuse.
La tâche essentielle ne consiste pas, comme on pourrait le croire, à découvrir et à cueillir les simples, dont les sucs et les baies écrasées, mêlées à d’autres substances, doivent remplacer le sang épuisé du vieillard. Leur vertu tient à l’observance de toute une série de rites étranges, accomplis avant et après la cueillette des plantes. La magicienne choisit une, nuit où la pleine lune est dans tout son éclat. Elle cherche la solitude. Elle a dénoué sa ceinture et s’est mise pieds nus. Elle erre à travers les collines, à demi-nue, les cheveux épars sur les épaules. Tendant ses bras vers les astres, elle tourne trois fois sur elle-même. Trois fois elle s’asperge d’une eau puisée à un cours d’eau et elle pousse à plusieurs reprises un triple cri rituel dans le silence nocturne. Puis elle s’agenouille et elle adresse à la Nuit, aux astres, à Hécate, à la Terre qui produit les simples, à toutes les divinités de la Nature, une prière fervente, qui est plutôt, d’ailleurs, une sorte de sommation magique : elle veut qu’elles lui fournissent les sucs dont elle a besoin.
Alors, réalisant le prototype des « voyages » qu’au Moyen Âge on attribuera aux sorcières, elle s’élève dans les airs sur un char emporté par des dragons ailés. Cet engin l’emmène en Thessalie où elle arrache les racines des plantes magiques et coupe avec une faucille d’airain les herbes efficaces.
Neuf jours et neuf nuits sont employés à cette récolte. Retournant alors à Iolcos, elle se garde de pénétrer dans une habitation et d’entrer en rapport avec un être humain avant de procéder à l’opération magique où les simples vont être employées à rajeunir Eson1.

Une encyclopédie pratique
Frustré par le manque d’informations sur la magie des herbes, stimulé par l’intérêt et l’appétit de connaissance de mes maîtres et de mes camarades en sciences occultes, j’entrepris très jeune l’investigation méthodique de cet art presque oublié. Mes recherches m’entraînèrent à travers des univers et des expériences dont j’avais à peine rêvé. Je passais des nuits à déchiffrer de vieux grimoires et des manuscrits enseignant l’application pratique de l’herborisation ; je cueillais des herbes au clair de lune, j’invoquais les charmes sur des plages désertes. Lentement, j’amassai un trésor. Enfin, je retrouvai la source des anciennes connaissances et, à partir d’elles, j’élaborai un système de la magie des herbes.
Plus grande devenait mon expérience dans ce domaine, plus je découvrais ses véritables pouvoirs.
Ceux-ci se trouvaient aussi bien dans les conceptions les plus anciennes de la magie que dans ses formes actuelles les plus banales, parce que ses agents se développaient partout autour de nous, y compris dans la réalité terre à terre des grandes villes où tant d’entre nous vivent.
Devant la somme des informations que je parvins à réunir, je compris rapidement que mon travail constituerait une véritable encyclopédie des herbes magiques.
Cependant, ce livre n’est pas à proprement parler un guide des herbes magiques : un minimum d’informations est donné à leur sujet dans ces pages. Voulez-vous séduire quelqu’un que vous aimez ?
Portez sur vous un sachet de pétales de roses ou une racine d’iris. Voulez-vous mettre fin à une rage de dents ? Mâchez une branche de sureau puis placez-la telle quelle à l’intérieur d’un mur. C’est ce type d’informations que l’on trouvera ici, informations rapides, aisées, non hermétiques. Tous les charmes étudiés figurent dans la première partie de l’ouvrage, en rapport avec l’usage que l’on souhaite en faire.
Alors que l’essentiel de la magie proposée ici concerne les problèmes de tous les jours, des sujets plus complexes sont également abordés – invisibilité, matérialisation des esprits, immortalité, etc. Je me suis résolus à les traiter succinctement, car ils appartiennent à la tradition et présentent un certain intérêt romantique ; mais ils ne sont pas nécessaires dans les applications pratiques. De même, l’allusion faite à la façon de se protéger contre les morsures de serpent de mer et contre les envoûtements qui s’ensuivent ne figure ici que parce qu’elle stimule l’imagination – stimulation indispensable pour la pratique concrète de la magie.
Ce livre n’est pas seulement une compilation d’étrangetés et de sorcelleries impossibles ; il contient surtout un grand nombre d’informations pratiques sur les herbes magiques, dont n’importe qui peut faire usage. Je me suis limité aux effets magiques des herbes sans aborder systématiquement la question médicinale, car une quantité appréciable de guides existe déjà à ce sujet. Ceux qui chercheraient dans ces pages des effets magiques destructeurs seront déçus. Ils n’en trouveront aucun parce que je crois que celui qui en use va à sa propre perte.
Un travail de ce genre ne peut jamais être exhaustif ; beaucoup de secrets reposent dans l’attente de leur découverte. C’est sous sa responsabilité que l’auteur décide si son livre a trouvé sa forme définitive et ne peut plus être enrichi. J’en décide donc ainsi, espérant toutefois que ce résultat incitera d’autres chercheurs à découvrir puis à user des secrets des herbes magiques.

1 A. Delatte. Herbarius, Université de liège, 1938

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