samedi 7 décembre 2013

Êtes-vous prêt à user de la violence ?


Êtes-vous vraiment prêt à utiliser la violence pour lutter contre la violence ?

Je suis certain que pour les lecteurs habitués au ton de ce blog, qui se veut avant tout pacifiste et non-violent, combattre la violence par la violence pourrait être l'un des meilleurs remèdes qu'une société évoluée puisse trouver pour lui permettre de perdurer.

Dans un monde ouvertement soumis au mal qui est en train de mourir de sa lâcheté, une telle question ne peut entraîner qu'une évidente réponse.

Mais est-elle aussi évidente qu'on pourrait le croire au premier abord ?



Dernièrement, j'écoutais le colonel Dave Grossman sur YouTube (ICI). Cet entretien, qu'un ami a eu l'infinie bonté de me traduire, a contribué à élargir ma compréhension de l'homme au sujet de ses capacité et désir de recourir à la violence. Ce qu'il ressort clairement de l'expérience et des études que ce colonel a menées, c'est que la grande majorité des êtres humains ne sont pas "câblés" pour utiliser la violence à l'encontre de leurs semblables. Les anciens n'étant pas des


couillons, comme j'aime à le répéter souvent, je crois d'ailleurs que c'est la vraie raison pour laquelle la peine de mort avait été instaurée dans les communautés et les sociétés organisées. Moins pour punir les coupables que pour protéger les populations, avant que les abrutis que l'on connait la suppriment, du moins pour les criminels.

Si je posais la question : "Êtes-vous prêt à utiliser la violence pour arrêter la violence contre vous-même ou un être cher ?", je suis certain qu'une énorme majorité, sans aucune hésitation, répondrait par l'affirmative. Pourtant, la vérité pure et dure est que tant qu'on a pas été mis à l'épreuve, on ne le sait pas vraiment.

Grossman explique comment, depuis le début des guerres américaines -la révolution, la guerre civile et les deux guerres mondiales- la majorité des hommes de combat manquaient volontairement leur cible. Il révèle que l'aversion à tuer un autre être humain était si forte que très souvent un soldat entraîné ne tirait pas sur un autre, même au risque de sa propre vie. En prélude à la guerre du Vietnam, les états-majors avaient déployé de grands efforts pour déterminer comment former les hommes, non seulement à tuer, mais à le faire sans hésitation. Depuis, leur travail à porté ses fruits et l'armée US compte à présent quelques-uns des guerriers les plus impitoyables dans l'histoire du monde.

Certains pourraient faire remarquer que l'aversion pour la violence est une bonne chose, et que la religion de nos pères nous enseigne que "Celui qui tue par l'épée, périra par l'épée". Je veux bien admettre le principe, mais le Christ n'a pas dit pour autant que nous ne devions jamais utiliser l'épée, ni condamné son utilisation, et Lui-même a donné l'exemple en virant les marchands du Temple à grands coups de lattes dans le fion.

Pour approfondir cet aspect théologique essentiel, je crois personnellement que si nous décidons volontairement de ne pas agir pour notre propre défense ou celle d'une personne innocente, nous commettons un péché. Nous portons maintenant la culpabilité du sang versé, et sommes responsable de tous les futurs actes de violence que notre assaillant serait en mesure de commettre. Non seulement cela, mais nous portons également la faute pour le manque de tout le bien que nous-même, ou la personne que nous n'avons pas défendue, aurait pu faire dans le futur.




Moins que la force létale


Ma conviction est que la majorité des êtres humains ont une aversion naturelle à l'encontre de toute forme de violence. En suivant les cours de combat ou de défense personnelle, que ce soit à l'armée ou plus tard dans ma vie, j'ai remarqué que presque toutes les nouvelles recrues hésitaient à utiliser ne serait-ce qu'une force minimale pour frapper leur partenaire. Pourtant, il s'agissait à chaque fois de personnes tout à fait conscientes de la nécessité d'apprendre à se défendre. Il n'empêche qu'elles devaient être formées pour accepter l'idée de frapper quelqu'un d'autre, et même après des mois de formation, certains élèves en étaient encore à n'employer que le dixième de leurs capacités. A l'époque, la violence physique n'était pas tout à fait nouvelle pour moi ; il a fallu néanmoins que je me "recycle" pour admettre que l'utilisation de la force n'était pas seulement acceptable dans ce contexte, mais qu'elle était bénéfique.


La règle des 10-80-10


Dans son livre "The Survivors Club", Ben Sherwood explore une théorie extrêmement intéressante appelée : la règle des 10-80-10. En résumé, celle-ci énonce que 10 % des gens vont exceller dans une situation de crise ; ils pensent clairement, et sont capables de prendre des mesures immédiates. Le groupe intermédiaire englobe 80 % de la population. Les gens qui en font partie sont tout simplement stupéfaits et désorientés en cas de péril grave. Leur capacité de raisonnement est compromise de manière significative et la pensée est difficile. Les 10 pour cent restant sont les gens qu'il faut absolument éviter en cas d'urgence...

Plus tard dans le livre, il explique ce que l'on appelle "l'inaction du comportement". En fait, sa théorie de l'inaction comportementale est la suivante : tandis que vos lobes frontaux traitent la vue d'une aile d'avion en flamme, ils cherchent à raccorder l'information avec des souvenirs de situations similaires vécues dans le passé. Si vous n'avez aucune expérience d'un accident d'avion stockée dans la mémoire, votre cerveau ne peut pas trouver de correspondance et reste à tourner en boucle sans arriver à fournir une réponse adéquate. La conséquence est l'immobilité.

Cette théorie couvre très probablement tous les types d'incidents critiques. Appliquée à la violence, je pense que les premiers 10 % sont capables de violence, que ce soit pour le mal ou pour se défendre. Les 80 % du milieu sont les gens qui "gèleraient" d'abord sur place, avant de prendre des mesures ou de rester figés. Les derniers 10 % de la population sont constitués de ceux qui resteraient complètement éteints.




Marche ou Crève 


Vous avez peut-être vécu personnellement le dilemme : Fuir ou combattre. Dans ce genre de situation, il existe au moins cinq réponses possibles :

- La Lutte : c'est l'option des personnes qui ont une capacité à la violence, que ce soit pour faire le mal, ou pour se défendre. Ces gens-là constituent la première catégorie dans l''imagerie traditionnelle des Loups, des Moutons et des Chiens de berger. Les loups sont ceux qui s'attaquent aux autres (les moutons) ; les chiens de berger, ceux qui sont capables d'utiliser la violence pour se protéger eux-mêmes et pour défendre les brebis.

- La Posture : ou le combat sans contact, en utilisant l'intimidation. C'est un grand classique dans le monde des animaux, mais on peut aussi le voir à l'oeuvre chez les humains. La posture est naturelle chez ceux qui pratiquent l'art du combat, par leur stature ou leur charisme, mais j'ai vu des gens qui n'étaient pas généralement considérés comme des combattants faire assez d'impression pour faire reculer un assaillant et prévenir une attaque.

- La Fuite : c'est le comportement typique des personnes qui ont un besoin inné d'éviter toute forme de douleur. Ces personnes-là vont fuir immédiatement, sans intenter aucune action. Certains pourraient fuir au début, juste pour se donner le temps de changer de comportement. A ne pas confondre avec ceux qui répliquent immédiatement face à une agression, dans le but de mieux prendre la fuite. C'est d'ailleurs la tactique recommandée par Paul Vunak (voir notre article ICI). Ces gens-là sont à classer bien entendu parmi les combattants, sauf qu'ils sont encore plus malins que les autres en faisant en sorte de se préserver.

- Le Gel : les gens qui restent figés sur place peuvent le faire quelques secondes seulement, le temps que leur cerveau prenne conscience de la réalité de la situation. Ce pourrait être aussi des personnes qui sont face à un stress si grand qu'elles abandonnent tout simplement. Les gens qui pratiquent le gel peuvent à l'occasion glisser vers une autre catégorie. Par exemple, une personne pourrait se figer pendant une seconde, avant d'utiliser la violence pour se défendre. Une autre pourrait geler avant de s'enfuir ou de se soumettre.

- La Soumission : la personne abandonne totalement face à son assaillant. Il existe des preuves dans les rapports de police qui montrent que la soumission est globalement plus dangereuse que la riposte. Cependant, il faut garder à l'esprit que le fait de feindre la conformité et se soumettre temporairement peut aussi donner l'ascendant...


L'idée générale


Je crois que la règle des 10-80-10 et les cinq réponses possibles à la violence peuvent être combinées. La première tranche de 10 % sont les gens qui sont prêts techniquement et disposés mentalement à recourir à la violence. Ils n'ont évidemment aucune aversion pour elle. Les derniers 10 % sont constitués de ceux qui fuient (et continuent de fuir), et se soumettent. Ils sont donc incapables de violence et préféreraient mourir plutôt que d'utiliser la force, même pour sauver leur propre vie. Les 80 % du milieu représentent les gens qui se trouvent, à mon avis, sur une sorte d'échelle mobile. Il y a ceux qui, sous certaines conditions, seraient capables d'utiliser la violence, et ceux qui pourraient d'abord se figer, et plus tard répondre ou paniquer.

Comme la majorité fait partie des 80 % intermédiaires qui gèlent pendant un laps de temps,comment peut-on s'assurer que nous dépassons toute aversion pour la violence ? Comment savoir si nous n'allons pas rester figé ? Comment être sûr que nous allons nous secouer de manière à être prêt à utiliser la violence pour arrêter la violence utilisée contre nous ou un autre être humain ?

Rappelez-vous que la raison pour laquelle les gens de la plus grosse partie se figent sur place est que leur esprit est incapable de se verrouiller rapidement sur ​​une expérience antérieure. Dès lors, il apparaît que ce que nous devons faire est nous assurer qu'il existe bien quelque chose de similaire ou d'approchant dans notre stock de souvenirs...




Surmonter l'aversion pour la violence


Comme le rappelle notre colonel, il est un fait que les soldats entraînés au cours de l'histoire de l'Amérique ont volontairement détourné leur tir, même si cela signifiait pour eux la mort. Si un soldat entraîné peut éprouver de la difficulté à surmonter son aversion, quel espoir peut avoir le citoyen lambda ?

Si vous n'êtes pas intellectuellement, émotionnellement ou spirituellement opposé à l'idée d'utiliser la violence pour vous-même ou pour sauver un être cher, il y a certaines choses que vous pouvez faire dans le but de vous entraîner à réagir le moment venu. En plus de tous les sports de combat, entraînements militaires ou paramilitaires qui se trouvent à notre disposition, certaines actions que nous pouvons mener sont d'ordre intellectuel et psychologique.


La Visualisation


Non, je ne parle d'affirmations positives stupides du genre : "Je suis un enfant de l'univers, Dieu est avec moi et les malfaisants m'adorent". C'est du flan. Je veux dire visualiser différents scénarios sur ce que vous pourriez faire et dire lorsque qu'une menace vous amène à passer du niveau d'alerte orange au niveau rouge. Par exemple, en visualisant l'éventualité suivante : "Si une personne m'agresse verbalement et tente de me saisir, je vais sortir ma matraque télescopique et faire cela..."

Personnellement, je n'ai jamais vécu la situation précise qui consisterait à ce que quelqu'un défonce la porte de mon domicile et pénètre la nuit avec une arme. Néanmoins, j'y ai pensé intensément, parcourant en détail dans mon esprit tout ce que je ferais dans un tel cas.

Il est un fait connu que le cerveau humain ne fait pas la différence entre une situation réellement vécue, et un film intérieur imaginé dans tous ses détails. Ce fait a été prouvé à de nombreuses reprises par des études scientifiques, et confirmé par des tests pratiques menés entre autre sur des basketteurs de haut niveau. Après avoir divisé les sportifs en deux groupes, les premiers s'entraînant physiquement au lancer franc, et les seconds pratiquant uniquement par la pensée, on s'est aperçu que leurs résultats lors de lancers réels étaient identiques !

La visualisation ne consiste pas seulement à inventer différents scénarios imaginaires qui pourraient se produire. Les films, la télévision, ou même les livres, fournissent d'innombrables exemples de confrontations violentes qui donnent autant d'occasions de pratiquer mentalement. En préparant son esprit pour des situations où la violence est une réponse légitime, on surmonte l'aversion naturelle à son encontre. C'est quelque chose qui devrait être fait en permanence, un peu comme d'autres soulèvent des haltères pour construire et maintenir leurs muscles, et c'est extrêmement efficace.


La Formation


Force non létale - Je suis un chaud partisan des cours d'auto-défense pour de multiples raisons. Regarder une bagarre à la télé ou au cinéma est une chose, celle d'y être impliqué en est une complètement différente. Non seulement dans l'aspect physique, cela va de soi, mais aussi mental. Lorsqu'on est sur le point de subir la violence, il se produit un choc psychologique qui est sans doute la raison pour laquelle 80 % des personnes se figent sur place. Comme je l'ai mentionné plus haut, on ressent presque toujours une hésitation avant de porter un coup. Bien qu'il soit possible de surmonter cela dans un combat réel, je reste persuadé que le fait de frapper quelqu'un à l'entraînement ou de se défendre contre diverses attaques fait que l'on s'habitue au choc initial. Si une situation réelle de péril extrême se présente, on est alors en mesure de le dépasser et de répondre sans hésiter.

Force létale - Si vous n'avez jamais participé à un cours de formation aux armes de poing, faites-le. Si vous l'avait fait, suivez-en un autre. Il existe des centres d'entraînement civils qui proposent des parcours de tir sur toute sorte de cibles. On trouve aussi de nombreux clubs de Paintball ou d'Airsoft. Ce sont d'excellents moyens pour vous entraîner. Ils vont vous mettre dans diverses situations que vous pourriez bien être amené à vivre un jour dans le monde réel... Si vous pouvez faire tout cela, c'est très bien ! Sinon, lorsque vous êtes à votre stand de tir, voyez la cible de la même manière que vous avez imaginée les menaces dans vos diverses visualisations mentales.

L'objectif est non seulement d'exceller avec votre arme, mais aussi de vous former à répondre par la violence pour arrêter la violence. Bien entendu, je ne doute pas que les lecteurs de ce blog sauront l'utiliser le moment venu, ni que beaucoup y sont déjà préparés. Mais la capacité à répondre par la force n'est pas toujours suffisante ; elle est liée à une autre notion tout aussi importante qui est le temps de réaction. Le fait de s'entraîner par la pratique et la visualisation mentale permet non seulement d'acquérir cette capacité, mais aussi l'indispensable réactivité qui va de pair. Le but est de gagner la précieuse seconde d'anticipation qui peut tout simplement vous sauver la vie ou celle de vos proches dans une situation de péril extrême. C'est elle qui vous fera tirer avant que l'on ne vous touche, ou parer un coup fatal avant qu'il n'atteigne sa cible...

Parce qu'il serait particulièrement illusoire de croire que c'est avec une bise sur la joue et une tape sur l'épaule que nous quitteront les politiciens dévoyés et sangsues d'outre-Méditerranée qui plombent notre patrie...

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