lundi 21 janvier 2013

La rouille du café sème la panique en Amérique centrale...

 
L’Amérique centrale, zone de production  caféière de la variété arabica, se trouve confrontée à une grave épidémie de rouille de café, un parasite destructeur qui a déjà contaminé plus d’un tiers des caféiers, faisant craindre aux producteurs une récolte catastrophique à la  fin de l’année. 
Ce champignon, qui doit son nom à la
 
 
couleur qu’il donne aux feuilles,  touche aujourd’hui 35% des 958 000 hectares de plans de café cultivés dans la  région, selon des sources du secteur consultées par l’AFP. La perte totale  nette à prévoir en Amérique centrale est déjà estimée à deux millions de sacs  de 46 kilos pour la campagne caféière, qui court d’octobre 2012 à septembre  2013, représentant 
300 millions de dollars de manque à gagner au cours actuel. 
«La situation est grave» et «si des mesures ne sont pas prises cela va  empirer», prévient Jose Buitrago, président de l’Association des exportateurs  de café du Nicaragua, un des pays les plus touchés par le «hemileia vastatrix», qui décolore et dévore lentement des feuilles du caféier. Au Honduras, Guatemala, Nicaragua, Salvador, Costa Rica et Panama,  l’industrie du café emploie plus d’un 
million et demi de personnes et fait  indirectement vivre des centaines de milliers d’autres, notamment au moment des  récoltes, dans une région en proie à une importante pauvreté. 
C’est au mois de septembre 2012 que le champignon a commencé à se propager,  principalement à cause de l’absence de prévention, mais aussi du fait de la chaleur et de la sécheresse provoquées par le réchauffement climatique qui  frappe la région, expliquent experts et acteurs du secteur. 
Si le parasite affecte l’ensemble de l’Amérique centrale, le Honduras (1er  exportateur régional avec 7,2 millions de sacs de 46 kilos) et le Nicaragua  (3e) sont les plus pénalisés car le café constitue leur premier revenu à  l’exportation. 
Considéré comme le pays le plus performant de la région du fait d’un fort  niveau de productivité, le Honduras a déjà vu 10% de ses 280 000 hectares  cultivés dévastés par le parasite, selon le responsable de l’Institut hondurien  du café Victor Molina. Au Nicaragua, près d’un tiers des 128 000 hectares de caféiers sont  aujourd’hui touchés, plaçant quelque 35 000 planteurs dans une posture  délicate, selon les autorités. Mais c’est au Guatemala que la progression de la rouille est la plus avancée, avec 67% des 274 000 hectares plantés déjà contaminés. Cette avancée alarmante pourrait mettre en péril quelque 200 000 emplois, selon l’Association nationale du café (Anacafé). 
Au Salvador voisin, le représentant des exportateurs, Marcelino Samayoa  estime que le champignon pourrait détruire 30% des 161 000 hectares plantés. 
Plus au sud, au Costa Rica, le gouvernement a décrété l’urgence  phytosanitaire pour accélérer le remplacement des caféiers. «Les producteurs  ont baissé la garde (...) plus de 250 000» sacs pourraient être perdus, a  prévenu le vice-ministre de l’Agriculture, Xinia Chaves. 
Enfin, malgré sa petite production (22 000 ha), «le Panama n’est pas  épargné par cette épidémie internationale qui s’étend du Mexique à la Colombie», détaille Gisela Tapia, experte de l’Organe sanitaire régional  agricole (Oirsa). Les gouvernements et producteurs de ces six pays producteurs envisagent de  parer cette situation en procédant à des campagnes d’arrachage, de  fertilisation et de remplacement des caféiers, ainsi qu’à l’achat de semences  plus résistantes à la rouille pour le futur, explique à l’AFP le ministre  nicaraguayen de l’Agriculture Ariel Bucardo. 
Mais les exploitations caféières, réparties entre environ 300 000  planteurs, sont en général de petite taille et disposent de peu de moyens pour  répondre à ce type de fléau. 
L’Oirsa doit contribuer à ces efforts, mais l’argent manque et  gouvernements et planteurs vont être contraints de contracter des emprunts  internationaux pour financer ces mesures. 
Le Guatemala a, par exemple, besoin d’un investissement estimé à 843  millions de dollars pour renouveler ses plants et de 25 millions de dollars  pour lutter chimiquement contre le champignon. De son côté, le Nicaragua doit  rapidement investir 200 millions de dollars, selon des calculs effectués par enquêtes effectuées par les acteurs du secteur. 
En 2011-2012, l’Amérique centrale a exporté 17,5 millions de sacs, pour un  montant de 3,6 milliards de dollars, principalement vers les Etats-Unis et  l’Europe. Les experts prédisent déjà une baisse conséquente cette année.
 

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