mercredi 10 octobre 2012

Un homme......

Joseph poursuit l’éducation sexuelle de Jésus : Marie l’a ordonné, il a onze ans à présent et se montre très précoce… en tout. «… C’était il y a longtemps… Il s’agit encore de l’un de tes grands pères, enfin arrière arrière, Salomon. Le grand Salomon, le meilleur et le plus sage des Rois. Tu te souviens ? » Le petit Jésus acquiesce. « Un homme pieux -reprend Joseph- et même plus que cela. Il était le fils de David et de Bethsabée, je t’en ai parlé…» Le petit Jésus, opine. C’est l’histoire d’Urie, le général cocu dont David regardait la femme nager ? Euh… Si tu veux» rétorque Joseph, un peu choqué. Mais après tout… La vérité historique est là. Et l’éducation sexuelle de Jésus s’avère plus facile qu’il ne craignait. Il rendait la justice tous les vendredi avec une grande sagesse et était célèbre partout pour son intelligence et sa diplomatie. On venait le consulter de Judée et même de Canaan… ou de Rome. C’était aussi un incorruptible et un malin. 






 
Un jour, surviennent devant lui deux pauvres femmes en pleurs, misérables, toutes griffées au visage, avec un enfant nouveau-né qui braillait à ne plus s’entendre tuer. Oh, grand Roi, cet enfant est à moi » dit l’une d’elle en se prosternant jusqu’au sol. 
— Pas du tout, n’écoutez pas cette folle, ô, noble fils de David, c’est le mien qu’elle a volé, la salope. Le sien est mort cette nuit. » Ton papet ne se frappe pas pour si peu. Centurion ! -ordonne-t-il- ces harpies me fatiguent, j’ai une pile de tablettes plus urgentes, des comparutions immédiates, avec la délinquance en ce moment, c'est l'enfer, enfin  je veux dire que je n'arrête pas. Coupe cet enfant en deux et donne leur en la moitié à chacune.» Le centurion s’avance, son épée à la main, pas content du tout. Il marmonne entre ses dents, qu’il n’a plus d’ailleurs… Ces affaires familiales, ces partages d’enfants, ces divorces, raz le bol, il ne s’est pas engagé pour ça … En plus, c’est une affectation peu glorieuse, les femmes s’enfuient dès qu’il tente de les approcher lorsqu'elles voient son badge (service des partages familiaux) et le célibat lui pèse. Ce n’est pas une vie de couper des enfants en deux tout le temps etc… Puis il se calme : Salomon est le roi, après tout et il sait ce qu’il faut faire en toutes circonstances. Dans le sens de la longueur ou de la largeur, ô noble Roi ? » demande-t-il en tenant l’enfant à bout de bras, l’épée levée. Aussitôt, une des femmes se jette sur lui : 
— Si tu touches à mon fils, je t’arrache les couilles et je te les fais bouffer. » Le centurion, excédé, soupire encore : en plus, c’est dangereux, les affaires familiales, on va vite à attraper un mauvais coup ! Il préfèrerait tous les philistins de Judée à cette furie échevelée aux ongles peints, sans doute tranchants comme des couteaux. Salomon, aussitôt, sourit et étend les bras en majesté, satisfait. Donne l’enfant à celle-là : c’est son fils, tu le vois bien, non ? Espèce d’idiot… » 
Soulagé, surtout pour lui, le centurion s’exécute, non sans vitupérer après la mère. 
— Prend ton chiard et ne m’emmerde plus. 





L’autre hurle de désespoir, le supplie. Salomon la regarde : malgré ses misérables vêtements, elle est fort jolie, brune aux yeux de braise, et la poitrine… ma foi… le grand Roi se prend à rêver, à l'imaginer tout autrement attifée, en danseuse... ou... Mais tu en auras d’autres, allons !» Inconsolable, la femme sanglote de plus belle. Ah oui ? Mais, noble Roi, je n’ai plus de mari ! Et puis je suis pauvre comme Job : qui voudra de moi à présent ? » Le regard de Salomon s’allume : elle est vraiment très belle… Comme David son père, c’est un connaisseur… mais hélas, il est Juge : ce serait de la corruption et… bref, cette affaire lui ferait perdre au moins deux points dans les sondages… A regret, il se tourne vers le centurion qui a rengainé son épée et demeure au garde à vous, impassible. Epouse cette femme immédiatement et fais lui un fils, c’est un ordre. » Le centurion est ébloui : s’il s’attendait à ce dénouement ! Les affaires familiales, finalement, ça a du bon, lorsqu’on n’a pas à couper des enfants en deux. La vie lui sourit miraculeusement… enfin, pas si sûr ! Il faut que la fiancée veuille bien de lui, le roi est comme ça, très moderne, pas du tout du genre je t'embarque et je te ficelle sur mon chameau après avoir laissé une vache ou deux à la famille selon le bon usage (si pratique) d'autrefois qui économisait hammam, barbier, poèmes et affer shave... Et celle-là n'a pas l'air commode... Bref, ce n'est pas gagné d’avance… Il se prosterne. Merci, ô mon Roi bien aimé … » La femme, en revanche, le toise sans aménité. Le centurion frémit : ça va foirer, c’est sûr, un coupeur d’enfants en deux qui sent son gilet pare flèches en peau de bouc à dix mètres , elle ne voudra jamais. Mais Salomon la prend à part : 
— Bon, il n’est pas top, le pauvre, je le sais bien, mais il est serviable, pas compliqué à nourrir, jeune et vigoureux et il gagne 100 talents et 3 mines par mois. Je sais que c’est peu, mais un traitement de fonctionnaire, c’est du sûr. Il a la retraite à 80 ans et une étable de fonction près du palais avec l’huile des lampes et le crottin gratis, je ne suis pas chien. Et puis, en cas d’accident, car il est vrai que la profession est périlleuse, si tu te trouves veuve, tu as automatiquement la réversion de sa pension et les allocations de parent isolé… Et euh… et parfois même, enfin, si tu restes aussi jolie… moi avec, comme c’est l’usage. J’ai certes déjà 993 femmes (les soldats meurent beaucoup en ce moment) mais j’en prendrais volontiers une 994ème comme toi si… disons si l’occasion se présentait. Ca te fait penser, non, ô fille de Jérusalem ? Presque reine, ça ne te dit pas  ? La femme sourit, jette un regard au centurion qui s’est redressé mais ne peut cacher son angoisse… et enfin, hoche la tête. Salomon les marie aussitôt. Ravie, la première part en serrant son fils dans ses bras ; l’autre, moins heureuse, avec le centurion… qui finalement sut lui plaire, lorsqu’il fut correctement appareillé avec des dents de lait de chameau retaillées, comme cela se faisait beaucoup chez les meilleurs barbiers à Jérusalem… Ton papet avait gagné au moins dix points aux sondages,  c'est simple, on en parle encore. Le centurion et la femme furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Lorsqu’il mourut au cours d’un combat contre les philistins, Salomon la prit pour… attends que je compte… 1003 ème épouse, je crois, je m’y perds un peu et elle eut encore un fils du Roi, le 3001ème. C’était un sage, ton papet. Et un futé qui voyait loin.» Le petit Jésus s’endort et rêve : plus tard, il fera comme lui. 1003 femmes et 3001 enfants, pourra-t-il ? Autrefois, les hommes étaient des hommes, quoi…

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