vendredi 25 juillet 2014

Essayons quelquechose...

À la suite de cette lecture, je te demanderai de fermer les yeux et d'abandonner un instant tout repère extérieur. Il est important qu'aucune distraction ne te perturbe. Mes mots viendront s'inscrire durablement en ton esprit, tu te laisseras simplement porter par les sensations qui en résulteront. Toute ton attention est requise jusqu'au dernier point de ce texte, il s'agit là d'une sorte d'invitation au voyage intérieur. Si tu acceptes l'aventure, sache que la clef de tout ceci ne réside nulle part ailleurs qu'en toi-même. Es-tu totalement disponible ? Très bien, alors nous pouvons commencer.

Observons les lieux de tout notre cœur, ayons la place d'y loger toute la 
beauté et l'amour possible. Au loin, il y a le chant des vagues et les embruns de l'océan, l'ombre des jeunes cocotiers dansant sur le sable blanc, quelques rochers disparaissant peu à peu dans la poussière du temps. En nous, il y a la lumière et le silence, la solitude et l'abondance, la plénitude et la confiance, l'anéantissement de nos souffrances. Nous escaladons une petite falaise située au bout de la plage. Au sommet de notre exaltation présente, nous y sommes déjà, frissonnants. D'ici je crois que nous embrassons l'âme du monde.

Respirons le souffle de l'immensité bleue, les fragrances émanant du 
grand large qui, si l'on sait l'entendre, s'adresse à nous d'une voix douce et envoûtante. Entends-tu son murmure ? Il nous apprend que notre manière de voir l'extérieur reflète bien souvent notre état intérieur. En effet, si nous restons aveugles face à l'infime brin d'herbe surgissant de l'asphalte, si nous trouvons stupide de sourire à la vue d'un animal curieux, si nous avons assassiné notre part enfantine, nous mourons d'une maladie très grave: l'insensibilité. Attrape ma main, nous descendons de la falaise pour courir les pieds dans l'eau.

Tout défile au fil de la folie qui anime notre belle escapade. Courrons ensemble tant que retentissent nos éclats de rire, jusqu'à épuisement s'il le faut. Courrons comme si notre vie en dépendait. Elle en dépend, tu sais, cette vie qui me semble avoir soudain pris le goût d'une mangue zéphyrine. À nous la délectation suprême, à nous le plaisir poussé à son paroxysme, et que la foudre désintègre nos anciennes peurs. Justement, l'atmosphère change, nous allons certainement avoir droit à une de ces averses imprévisibles. Prépare-toi à recevoir ce cadeau tropical, le ciel a décidé de venir se joindre à nous.

Semblables à des pierres précieuses que l'on aurait lancées vers leur 
cible, les premières gouttes se rassemblent sur notre peau et ruissellent vers 
le sable. Je m'assieds près d'un arbre à l'écorce légèrement teintée de rouge et d'argent, il m'inspire comme un vieux sage dont les ouvrages n'ont jamais été lus. Je t'offre un regard et un sourire par le plus noble des langages. En à peine une vingtaine de secondes, nous ne sommes plus que deux silhouettes égarées sous la pluie torrentielle. Les bras ouverts, c'est un vrai déluge de bonheur 
dont nous ne manquons rien, pas même l'honneur d’assister à sa fin.

Maintenant, je t'en prie, ferme les yeux.

Nom de la photographie: "L'envoûtement vert et blanc"
Lieu: Écrin sauvage près de Pointe Macré, Martinique.
Musique d'accompagnement: Emancipator "Minor Cause"

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