jeudi 27 juin 2013

Seul ou silencieux ne veux pas dire solitaire...


Essayez d’aller vous promener seuls, ou de rester sans rien à lire, sans personne à qui parler, et vous verrez comme l’ennui vient vite. C’est un sentiment qui vous est familier, mais vous ne savez pas pourquoi vous vous ennuyez, vous n’avez jamais cherché à le savoir. Si vous explorez un peu la question, vous verrez que la cause de l’ennui n’est autre que la solitude.
C’est pour échapper à la solitude que nous voulons

être ensemble, être divertis, avoir des distractions en tout genre : gourous, cérémonies religieuses, prières, ou le dernier roman paru. (Ajout : facebook, réseaux sociaux, smartphones)

Prenant conscience de votre solitude, de la douleur qu’elle comporte, de la peur insondable qui l’accompagne, vous cherchez une évasion, et c’est une évasion qui devient importante ; par conséquent vos activités, vos connaissances, vos dieux, vos radios deviennent importants aussi.
Lorsque vous accordez de l’importance à des valeurs secondaires, elles mènent au chaos, car les valeurs secondaires sont inévitablement sensorielles. Et la civilisation moderne basée sur elles vous offre les évasions que vous cherchez par le truchement de votre emploi, de votre famille, de votre nom, de vos études, de vos expressions artistiques, etc. Toute notre culture est basée sur ces évasions. Notre civilisation est fondée dessus, c’est un fait.

Etant intérieurement seuls, nous devenons de simples spectateurs de la vie ; et nous ne pouvons devenir acteurs que si nous comprenons la solitude, et la dépassons. Très peu réussissent à transcender cette formidable peur de la solitude ; pourtant il le faut car le véritable trésor se trouve au-delà.
Nous avons peur de la solitude car elle nous révèle notre incapacité et la pauvreté intérieure de notre être ; mais c’est la solitude qui cicatrise la plaie béante de l’isolement. L’esprit isole, sépare et interdit la communion. On ne peut rendre l’esprit complet ; cela n’est pas possible car cette tentative est en elle-même un processus d’isolement, cela fait partie de cette solitude que rien ne peut masquer. L’esprit est le produit de la multitude et ce qui a été assemblé n’est jamais seul. La solitude n’est pas un produit de la pensée. C’est seulement quand la pensée est totalement immobile que le solitaire peut rejoindre la solitude.
Avez-vous jamais essayé d’être seul ?


Krishnamurti - La première et dernière liberté. Pages 183 et 184 ; chapître : Sur la solitude. Editions Le livre de poche. 1994.

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