samedi 16 février 2013

Ce n'est pas la première fois que ça arrive...

Non, c'est pas pour vous parler de la comète du siècle PANSTARRS C/2011 L4 qui va passer le 13 Mars prochain , ni des trois soleils asiatiques récents, mais pour vous conter le récit de Mère Marie de l'Incarnation née Marie Guyart ..
Elle arrive au Québec en 1639 pour se cloîtrer dans un monastère  comme première supérieure du monastère des Ursulines de Québec, d'où elle a une correspondance volumineuse avec son fils resté en France.. elle raconte d'abord le méga tremblement de terre de 1663, puis le passage des deux comètes de 1664 et 1665 , avec absolument tous les détails qu'on connait maintenant ( sonic boom, poussière de comète dans le ciel, halo solaire et lunaire ) je fais suivre avec quelques notes correspondant aux visions de ces comètes vues de France vu que Nostradamus avait fait un quatrain correspondant à ce moment là...





Voici la première lettre qui est intéressante d'une part parce qu'elle relate ces faits extraordinaires du point de vue d'un véritable témoin présent à ce moment-là, et d'autre part parce qu'elle révèle la conception et la réaction des gens de l'époque à un tel phénomène :

"Mon très cher fils,
"J'ai réservé à vous faire séparément le récit du tremblement de terre arrivé cette année dans notre Nouvelle-France, lequel a été si prodigieux, si violent et si effroyable, que je n'ai pas de paroles assez fortes pour l'exprimer; et je crains même que ce que j'en dirai ne passe pour incroyable et pour fabuleux."


L'on entendit de loin un bruit et bourdonnement épouvantable, comme si un grand nombre de carrosses roulaient sur des pavés avec vitesse et impétuosité. Ce bruit n'eut pas plus tôt réveillé l'attention, que l'on entendit sous terre et sur la terre et de tous côtés, comme une confusion de flots et de vagues qui donnaient de l'horreur. L'on entendait de toutes parts comme une grêle de pierres sur les toits, dans les greniers et dans les chambres. Il semblait que les marbres dont le fond de ce pays est presque tout composé, et dont nos maisons sont bâties, allaient s'ouvrir et se mettre en pièces pour nous engloutir.

Une poussière épaisse volait de tous côtés. Les portes s'ouvraient d'elles-mêmes, d'autres qui étaient ouvertes se fermaient. Les cloches de toutes nos églises et les timbres de nos horloges sonnaient toutes seules, et les clochers aussi bien que nos maisons étaient agités comme des arbres quand il fait vent; et tout cela dans une horrible confusion de meubles qui se renversaient, de pierres qui tombaient, de planchers qui se séparaient, de murs qui se fendaient. Parmi tout cela l'on entendait les animaux domestiques qui hurlaient. Les uns sortaient des maisons, les autres y rentraient. […]

"On ne trouva pas plus d'assurance dehors que dedans : car par le mouvement de la terre, qui trémoussait sous nos pieds comme des flots agités sous une chaloupe, on reconnut aussitôt que c'était un tremblement de terre. Plusieurs embrassaient les arbres qui, se mêlant les uns dans les autres, ne leur causaient pas moins d'horreur que les maisons qu'ils avaient quittées; d'autres s'attachaient à des souches qui, par leurs mouvements, les frappaient rudement à la poitrine.

Les sauvages, extrêmement effrayés, disaient que les arbres les avaient bien battus. Quelques-uns d'entre eux disaient que c'étaient des démons dont Dieu se servait pour les châtier, à cause des excès qu'ils avaient faits en buvant de l'eau-de-vie, que les mauvais Français leur avaient donnée. D'autres sauvages moins instruits, qui étaient venus à la chasse en ces quartiers, disaient que c'était l'âme de leurs ancêtres qui voulaient retourner dans leur ancienne demeure. Prévenus de cette erreur, ils prenaient leurs fusils, et faisaient des décharges en l'air contre une bande d'esprits […].

"Cette première secousse, qui dura près d'une demi-heure, étant passée, on commença à respirer; mais ce fut pour peu de temps, car sur les huit heures du soir il recommença, et pendant une heure il redoubla deux fois. […] Le redoublement vint trente-deux fois cette nuit-là, à ce que m'a dit une personne qui les avait comptés. Je n'en comptai pourtant que six, parce que quelques-uns furent faibles, et quasi imperceptibles. Mais sur les trois heures il y en eut un fort violent, et qui dura longtemps."Ces secousses ont continué l'espace de sept mois, quoiqu'avec inégalité. Les unes étaient fréquentes mais faibles; les autres étaient plus rares, mais fortes et violentes […]

"Un mois se passa de la sorte dans la crainte et dans l'incertitude de ce qui devait arriver; mais enfin les mouvements venant à diminuer, étant plus rares et moins violents, exceptés deux ou trois fois qu'ils ont été très forts, l'on commença à découvrir les effets ordinaires des tremblements de terre, quand ils sont violents; savoir quantité de crevasses sur la terre, de nouveaux torrents, de nouvelles fontaines, de nouvelles collines, où il n'y en avait jamais eu; la terre aplanie où il y avait auparavant des montagnes; des abîmes nouveaux en quelques endroits, d'où sortaient des vapeurs ensouffrées, et en d'autres de grandes plaines toutes vides, qui étaient auparavant chargées de bois et de halliers; des rochers renversés, des terres remuées, des forêts détruites, les arbres étant en partie renversés, et en partie enfoncés en terre jusqu'à la cime des branches.

L'on a vu deux rivières disparaître; l'on a trouvé deux fontaines nouvelles, l'une blanche comme du lait, et l'autre rouge comme du sang. Mais rien ne nous a plus étonnés que de voir le grand fleuve de Saint-Laurent, qui, pour sa profondeur prodigieuse, ne change jamais, ni par la fonte des neiges, qui fait ordinairement changer les rivières, ni par la jonction de plus de cinq cents rivières qui dégorgent dedans, sans parler de plus de six cents fontaines très grosses pour la plupart, de voir, dis-je, ce fleuve, changer et prendre la couleur du soufre et la retenir durant huit jours."

Source

Note perso: On sait aujourd'hui que la vallée du Saint-Laurent est la zone sismique la plus active au Canada après l'île de Vancouver. Un grand rift (ou fossé tectonique) s'étend au fond du fleuve, du Labrador jusqu'au lac Érié. En effet, nous habitons le point de rencontre où les Laurentides s'enfouissent sous les Appalaches, poussées par une plaque tectonique remontant vers le nord. Les plus récents tremblements de terre majeurs furent celui du 11 janvier 1935 au Témiscamingue (magnitude de 6,2) et celui du 25 novembre 1988 au Saguenay (magnitude de 6).


Une autre lettre, quelques mois après :
«Le 18 de décembre de l'année dernière (1664), il parut une comète à Québec, vers l'heure de minuit, laquelle parut jusqu'à six heures du matin et continua quelque temps.

L'étoile ou la tête de ce météore paraissait carrée, sa queue était comme des rayons qui, par saillies, semblaient jeter des influences (lancer des vapeurs). Ces rayons étaient tournés de côté de la terre entre le nord et le nord-ouest. Elle montait encore, et venant du côté du sud, elle portait sa queue à côté d'elle. On a remarqué qu'au matin on lui vit porter sa queue du côté du sud, puis elle sembla tomber à terre, et ses rayons tournés vers le ciel. Depuis ce temps-là, elle n'a plus paru.
Le même jour le soleil a paru en se levant entouré d'un iris (arc-en-ciel) avec ses couleurs ordinaires; et une vapeur noire sortit du soleil, et de cette vapeur un bouton de feu.

Le vingtième de décembre, sur les trois heures de l'après-midi, l'on vit paraître trois soleils éloignés les uns des autres d'environ un quart de lieue; ils ont duré environ une demi-heure, puis ils sont venus se rejoindre au soleil ordinaire.

L'on a encore senti la terre trembler plusieurs fois en ces quartiers, mais légèrement et assez peu de temps. À Tadoussac et dans les forêts voisines elle a tremblé plus souvent.

Le deuxième de janvier (1665), l'on découvrit une seconde comète semblable à la première. Sa queue était longue de soixante pieds ou plus; elle différait de la première en ce qu'elle portait sa queue devant elle. Il en a paru une troisième au mois de février, presque semblable, excepté qu'elle portait sa queue après elle, et qu'elle paraissait le soir, sur les six heures, au lieu que les autres paraissaient le matin. L'on a vu plusieurs fois des feux voler par l'air.
Ce sont peut-être des restes des tremblements de terre, laquelle étant demeurée ouverte en plusieurs endroits a laissé aux feux souterrains des issues libres pour s'élever en l'air. On a aussi remarqué une espèce de dard fort élevé en l'air; et parce qu'il était directement entre nous et la lune, en sorte qu'il semblait qu'il fût dans la lune même, il y en a qui ont cru, et qui ont dit, qu'on avait vu la lune percée d'une flèche.

Le 27 décembre 1664, la lune se fit voir, après minuit, d'une façon bien surprenante, car la moitié était rouge comme du sang, et l'autre moitié si lumineuse qu'elle éblouissait les yeux. Le 19 janvier 1665, sur les cinq heures trois quarts du soir, on entendit, comme sortant de sous terre, un son qui fut pris pour un coup de canon.

Il fut entendu par des personnes éloignées de trois ou quatre lieues les unes des autres. Un demi-quart d'heure après, il parut sur Québec un globe de feu qui ne fit que passer et qui répandait une si vive lumière, que l'on voyait comme en plein jour des maisons éloignées de deux lieues. Dans la suite de l'année on en a vu plusieurs autres semblables, tant à Québec qu'au-dessous de Tadoussac et dans le chemin des Trois-Rivières. Outre les médiocres tremblements de terre et des bruissements fréquents dans les côtes voisines, la terre a tremblé extraordinairement à sept ou huit lieues d'ici, et deux ou trois fois dans une même nuit, avec une extrême violence. Le jour de saint Mathias, aux environs de Tadoussac et à la Malbaie, les tremblements de terre furent si fréquents que les Sauvages et un de nos Pères, qui hivernait de ce côté-là avec eux, assurèrent qu'ils n'étaient pas moins violents que ceux qui se firent sentir en 1663. »


Sources: Mère Marie de l'Incarnation, Lettres; R.P. Le Mercier, Relation des Jésuites, année 1665.

Note perso : ce furent les comètes C/1664 W1 (apparue de novembre 1664 jusqu'en janvier 1665) et C/1665 F1 ( apparue en avril 1665) . Elles furent observées par tout le monde astronomique dont Isaac NEWTON, lesquels commençèrent à faire le rapprochement entre la portion de sa trajectoire ressemblant à une elllipse et l'attraction du Soleil.

Et on retrouve Nostradamus :

Après grand trouble humain plus grand s’apreste :
Le grand moteur les siecles renouvelle.
Pluie sang, laict, faline, fer & peste :
Au ciel veu feu, courant longue estincelle.

La « longue estincelle » est la comète qui parut fin 1664 et au commencement de 1665 qui fit sensation. « Le roi Louis XIV avait témoigné une grande curiosité à son sujet et c’est peut-être pour la satisfaire que fut convoqué, le 15 janvier 1665, au collège des Jésuites de Paris – appelé alors collège de Clermont et devenu plus tard le collège Louis le Grand -, ce qui fut sans doute le premier colloque consacré à la physique des comètes». « Les astrologues révélèrent qu’elle menaçait l’univers des plus affreux désastres.

Or à cette époque, une épidémie de peste se déclara ; Londres fut particulièrement touché ; 100 000 personnes furent emportées en 5 mois sur 150 000 qui n’avaient pu fuir la ville».

En 1665, du 27 mars au 20 avril, une autre comète fut visible et annonciatrice de l’incendie de Londres de l’année suivante (voir quatrain II, 51).

SOURCE

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