jeudi 3 janvier 2013

Ma laine en mots...



Ou nos laines en mots…
J’ai enfin décidé d’aller consulter. Mais comme je ne fais confiance en personne, j’ai décidé de me consulter moi-même. Je viens de fonder le C.É.D.É.S. :  Le Cercle Des Écrivailleurs Sciés), et j’ai eu ma première rencontre.
Il n’y avait personne… Sauf moi. Alors, je me suis fait un sermon, un discours, le ton mou, et un emblème, le mouton. Je me suis servi un rosé pétillant et j’ai passé la quête pour ramasser des fonds pour tous ceux qui écrivent sur le net. Radin comme je suis, je me suis donné 2$. J’avais loué un local WordPress qui ne coûtait rien. Radin comme je suis…




En fait, je cherchais à faire une rétrospective de l’année 2012. C’est en faisant une rétrospective des années 20 que j’ai pris conscience que tout était pareil, et que l’Histoire était celle d’un copier-coller. Puis j’ai parcouru au moins 50 articles, pour en venir à la conclusion que nous disons tous les mêmes choses : l’État est corrompu, le peuple voit ses terres vendre sous ses pieds et aux États-Unis, les drones vont bientôt servir à surveiller les citoyens.
Orwell a maintenant des ailes…
Puisque dans l’avenir, 110 sites seront construits, servant 39 États américains pour surveiller leurs propres, leurs propres ai-je-bien dit, citoyens.
Bon! Je m’écarte un peu de mon sujet, puisque je ne doit pas écrire quelque chose de sérieux, car, lorsque c’est sérieux, c’est vrai, mais étant donné que nous vivons dans une société Alzheimer, non seulement nous oublions l’Histoire et ses putains élues qui couchent avec la finance, mais nous ne savons pas si nous descendons du singe,  créé par  « Dieu » ou par des E.T. venus simplement s’amuser à mélanger des chromosomes.
C’est abstrait, douteux, filandreux, machiavélique…
Mais tout le monde s’emmêle.
Moi également…
J’aurais aimé écrire sur le caillot d’Hillary Clinton, mais j’ai l’image d’une hippie avec des binocles ronds qui a l’air d’aimer la vie. Au temps des fleurs, des hippies, et de la pauvreté voulue… On nomme cela astheure ( zut! À cette heure), de la « simplicité volontaire ».
Lors de ma réunion avec moi, j’ai longuement parlé de la phrase célèbre de Saint-Ex-upéry : « Dessine-moi un mouton ! ».
Cher St-Ex,
J’aimerais t’écrire un MO, un Méga Octet au sujet de ta phrase. Tu ne sauras jamais combien il a fallu d’outils pour façonner un mouton vers la fin du 20e siècle. Toi, quand tu écrivais, tu changeais le monde, tu leur montrais de la beauté. Maintenant tout a changé :  le mouton et la laine, oublie-ça comme dirait le québécois : transperce-le, écorche-le, mange ce qu’il y a de meilleur en lui, coupe lui les pattes, sabre ses marches, torture-le, arrache-lui les dents, ment-lui, fabrique-lui des oreilles à la grandeur de la toile, et « please », refait le titre de ton œuvre « Terre des hommes ». Nous sommes devenus des bêêêêêêêtes d’élevage.
Pauvre Antoine, dire que je t’ai lu presque à genoux… Tu n’avais pas tort, mais le Petit Prince n’a plus de réponses à ses questions.  En fait, je joue au dentiste… Nous avons les réponses, mais nous ne savons pas comment les « dicter ». En fait, si tu avais écrit avec de la laine, blanc sur noir, tu aurais pris conscience qu’on t’avait arraché les plumes.
Tu ne voles plus!
J’avion prévu…

Sincèrement!
Un membre du Club
***
Ma réunion avec moi est à mi-temps. Je prends une pause. Je fume à 10 mètres du bâtiment pour ne pas infecter les citoyens, mais ma réunion se tient à côté d’une centrale nucléaire.
Sincèrement, je me demande comment je vais faire pour cesser d’écrire. C’est une drogue. Je devrais écrire à 10 mètres de moi… Pour ne pas m’autoinfecter… Je n’y arriverai pas, je sais.
Je vais me mettre à tricoter des bas. Broyer du Obama. Je ne sais…
Écrire est une grotte.

Alors, je me désiste, car tout a été écrit :

K.   Nie-k’ue ayant rencontré Hu-pou, lui demanda : où allez-vous ainsi ? — Je déserte, dit celui-ci, le service de l’empereur Yao. — Pourquoi cela ? demanda Nie-k’ue. — Parce que cet homme se rend ridicule avec sa bonté affectée. Il croit faire merveille en attirant les hommes. Quoi de plus banal que cela ? Montrez de l’affection aux hommes, et ils vous aimeront ; faites leur du bien, et ils accourront ; flattez les, et ils vous exalteront ; puis, au moindre déplaisir, ils vous planteront là. Certes la bonté attire ; mais les attirés viennent pour l’avantage qui leur en revient, non pour l’amour de celui qui les traite bien. La bonté est une machine à prendre les hommes, analogue aux pièges à oiseaux. On ne peut pas, avec un même procédé, faire du bien à tous les hommes, dont les natures sont si diverses. Yao croit, avec sa bonté, faire du bien à l’empire, alors qu’il le ruine. C’est qu’il voit, lui, de l’intérieur, et s’illusionne. Les Sages qui considèrent de l’extérieur ont vu juste dans son cas. — Notons, parmi les natures diverses des hommes, les trois classes suivantes, les veules, les collants, les liants. … Les veules apprennent les sentences d’un maître, se les assimilent, les répètent, croyant dire quelque chose, alors que, simples perroquets, ils ne font que réciter. … Les collants s’attachent à qui les fait vivre, comme ces poux qui vivent sur les porcs. Un jour vient où le boucher, ayant tué le porc, le flambe. Il en arrive parfois autant aux parasites d’un patron. … Le type des liants, fut Chounn. Il attirait par je ne sais quel attrait, comme le suint attire les fourmis par son odeur rance. Le peuple aimait l’odeur de Chounn. Chaque fois qu’il changea de résidence, le peuple le suivit. Il en résulta que Chounn ne connut jamais la paix. — Eh bien, l’homme transcendant n’est ni veule, ni collant, ni liant. Il déteste la popularité par dessus tout. Il n’est pas familier. Il ne se livre pas. Tout à ses principes supérieurs abstraits, il est bien avec tous, il n’est l’ami de personne. Pour lui, les fourmis ne sont pas assez simples. Il est simple, comme les moutons, comme les poissons. Il tient pour vrai ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il pense. Quand il agit spontanément, son action est droite comme une ligne tirée au cordeau. Quand il est mené par les événements, il s’adapte à leur cours. simplicité  
Ça date de milliers d’années…
Il est simple comme les moutons…
***
Je suis sorti de ma réunion bouleversé. Je sais qui tond les moutons…
J’ai voté contre lui…
P.S.: La morale de cette « histoire » est qu’on ne peut pas tricoter l’Histoire si on ne peut tricoter sa propre laine.
Gaëtan Pelletier

SOURCE

Aucun commentaire:

Publier un commentaire