samedi 6 octobre 2012

Fable sans Lafontaine : la tortue et le guépard


Le guépard parcourt quelques sept ou huit mètres en une seule foulée et accomplit quatre foulées à la seconde. Cela en fait un des mammifères quadrupède les plus rapides. Un sprint l’amène à 70 km/h en deux secondes7 puis 90 km/h une seconde plus tard8 ; par ailleurs, un guépard en captivité a atteint la vitesse record de 112 km/h8. On estime cependant qu’il ne peut maintenir sa vitesse que sur 300 à 400 mètres7. Sur une distance plus longue, il serait largement dépassé par une antilope. En 2009, un guépard femelle du zoo de Cincinnati a parcouru le 100 mètres en six secondes et 13 centièmes9, soit une vitesse moyenne d’environ 70 km/h. Le 20 juin 2012, Sarah, du Zoo de Cincinnati, a battu son propre record du monde du 100 mètres, en 5,95 seconds10, terminant à plus de 98 km/h. Guépard
Le Guépard est sans doute le seul athlète au monde à ne pas être dopé. 112 km heures…  Je ne vous apprends rien : on est tacheté ou achetés. Les sportifs se dopent, les sportifs s’en cachent, mais les cyclistes font des aveux. Dans un monde souterrain, les wall-streeters  sniffent un peu de cocaïne pour déménager d’un rang social à un autre. Et les copies de wall-streeters en font de même.



On a dressé la « bête humaine » à la performance sociale qui ne sert qu’à engranger des profits pour des profits. Pour cela, il faut passer par le cheminement du cerveau lessivé à la « réussite personnelle ». C’est une recette vicieuse qui peut vous tuer ou vous faire grimper bien haut dans  l’échelle sociale.
Nos États nous on tricoté un procédé boueux qui ressemble au tricotage d’un bas de laine : maille à l’envers, maille à l’endroit. Suivez le plan… Il est depuis longtemps officiel.
La seringue de l’État : se piquer à l’apprentissage occidental

  Nous vivons dans une société où nous avons progressivement instauré la performance en tant que norme. Nous nous sommes conditionnés à toujours nous dépasser, à nier nos limites et nos faiblesses et surtout, à réussir dans toutes les sphères de notre vie.
Donc, il n’est pas surprenant que de plus en plus de personnes se tournent vers les drogues ou les médicaments pour améliorer leurs performances.
Vous pensez peut-être que je fais ici référence aux athlètes, mais il y a un autre domaine où la recherche de la réussite pousse les gens à consommer des médicaments à des fins non médicales.
Je parle ici des étudiants des universités qui sont de plus en plus nombreux à absorber des médicaments qui ne leur sont pas prescrits pour améliorer leurs performances scolaires. C’est de ce phénomène qu’il sera question dans le texte ci-dessous.  
 Selon un sondage réalisé par la revue Nature en 2008, ce serait le méthilphénidate, mieux connu sous le nom de Ritalin, qui serait le plus populaire.
Ce médicament permet entre autres de rester éveillé plus longtemps, de se concentrer plus facilement et d’améliorer la mémoire.
Le Dr Racine, directeur de l’Unité de recherche en neuroéthique de l’Université de Montréal, a mené une étude sur le sujet, par le biais d’une dizaine de groupes de discussion.
Au total, 29 étudiants, 21 parents d’étudiants universitaires et 15 professionnels de la santé y ont participé. 
Lors de cette étude, il a constaté que c’est d’abord la recherche de la performance qui pousserait les étudiants à se tourner vers le Ritalin. « Les étudiants font face à une très forte pression. Un A, ce n’est plus suffisant. C’est un A+ qu’il faut obtenir », explique le Dr Racine. Source
Bien sûr, tout le mon de a l’image du junkie, barbu, défraîchie, amoché, là, au coin de la rue quémandant pour un café alors que l’on sait très bien qu’il veut se gaver de sa dope.
Et nous le jugeons…
Un pays n’est plus qu’un coin de rue de la Terre. Nous sommes en train de devenir des loques bien accoutrées, une peau de serpent, rampants devant ce monde à décroissance de bonheur continue.
L’usine à Guépards
Tous achetés, tous tachetés, tous vendus… On coure et on se dope : au café, à l’orgueil, à vouloir être comme « l’autre », ce portrait trafiqué des pubs. On se tue à vouloir être quelqu’un d’autre dans une virtualité digne des pubs de plus en plus chimériques, grâce au pouvoir de l’imagerie numérique.
J’étais assis sur ma chaise – à moins qu’elle ne soit irréelle- et je vis un type sortir du sol une bouteille de soda. Mais là, n’arrêta pas la pub : plus fort et plus fort encore, l’autre type tira une tige verte et en sortit une distributrice à sodas.
Ils étaient tous contents et pouvaient enfin se désaltérer du dur travail de tirer des tiges de carottes de la grosseur de celle d’Alice au pays des merveilles.
J’ai demandé  à ma femme :
-          Dans 20 ans, comment seront les cerveaux de nos enfants?
Les vertus du numérique?  J’y croît…(sic)  J’y doute. Mais si ça continu, je finirai par ne plus douter.
***
Il y a deux semaines, une compagnie de carte de crédit m’offrait pour 30,000$ de pouvoir d’achats. Il y a à peine 25 ans, j’avais demandé 600$ pour acheter une vieille auto. Refusé.
Pauvre moi! Je suis devenu riche sans m’en rendre compte.
Avant, on apprenait à l’école comment se comporter dans la vie, et certaines valeurs qui sont supposément passées mode. Maintenant, l’école, c’est comme le tison et le reste du feu est dans la société.
La machine à fabriquer des guépards a de loin surpassé la pauvre école qui n’est qu’une usine à colorer lentement les esprits. L’école est la couche fine, mais l’État c’est la chair et l’esprit lentement fomentés de  0 à 20 ans, là où la pâte à modeler n’a pas encore eu le temps de sécher.
La planète est une montre en tic-tac dont la batterie va…
 Qu’est-ce donc que nos actes, sinon une terreur nerveuse de n’être rien : à commencer par les divertissements qui n’en sont pas, qui ne sont que du vacarme, un caquetage encourageant pour tuer le temps parce qu’une obscure certitude nous dit qu’il finira par nous tuer, pour aboutir aux inventions enchérissant l’une sur l’autre, aux absurdes montagnes d’argent qui tuent l’esprit (qu’on soit écrasé ou porté par elles), aux modes anxieusement changeantes de l’esprit, aux vêtements sans cesse modifiés, au meurtre, à l’assassinat, à la guerre, en quoi se décharge une profonde méfiance à l’égard de ce qui dure et du créé ; qu’est-ce tout cela, sinon l’agitation d’un homme empêtré jusqu’au genou dans une tombe dont il essaie de se dégager mais à laquelle il n’échappera jamais, d’un être qui ne se dérobe jamais au néant, qui, se précipitant avec angoisse dans toutes sortes de figures, n’en demeure pas moins, en quelque point secret de lui-même à peine deviné, caducité et néant ? L’homme sans qualités de Robert Musil
Nous voilà des guépards dopés. On ne coure jamais assez vite… Et les projets ne sont jamais assez gros. Il y a toujours un grassouillet du cerveau pour vous faire un bouquet de projets, bien lustré, irréel, comme s’il était né  d’une pub numérique.  Il a oublié sa maman… et son cordon ombilical.
Nous sommes ce que nous fabriquons, et nous fabriquons ce que nous sommes.
Souriez : Allah vous aime, Jésus vous aime, Krishna vous aime, mais tout le monde se hait jusqu’au AK 47 $.
Nous qui nous plaignons des gangs de rue, ne sommes-nous pas des gangs de rue ronde?
Que vous portez un turban ou une cravate, ou que vous soyez un chef important d’un groupe, d’une nation, d’un clan, d’un pays, en quoi cela nous empêche-t-il d’être, d’exister, et de profiter d’un peu de bonheur enfantin sur cette boule ronde?
La réponse est : le guépard et la culture du guépard sont tellement louches et stupides que le guépard, à la vitesse où il va ne peut pas voir la beauté et la force d’une tortue.
Les « rapides » sont des aveugles qui s’ignorent. Une tortue peut voir la grandeur de la Terre pendant toute une vie, mais un Guépard ne cherche que sa proie. Il a faim de tout, et il a la vitesse pour attraper sa proie. La faim l’aveugle…
En termes de vitesse, 1% de guépards peuvent gober 99% de tortues.
Si vous n’avez pas compris, je peux vous l’expliquer : oubliez le rêve du guépard et transformez-vous en tortue.
Non seulement le prix de l’essence va baisser, mais vous les verrez, décontenancés, désarçonnés, se gratouillant la tempe, afin  de comprendre.
En ralentissant, et en ne vous laissant pas impressionner par les calculs falsifiés ou simplement pas à jour, le guépard ne pourra pas attraper la proie que vous êtes. Sa force est de faire de vous ce qu’il est…
Dans un système à la  Ponzi. Car la Terre a ses limites…
Mais pas la stupidité…
Gaëtan Pelletier

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