dimanche 27 mai 2012

Agent provocateur

L’ex-policier René Forget remet en question le policier interviewé par le Journal de Montréal


On m’a fait parvenir ce matin un autre texte de René Forget, l’ancien policier, qui fait suite à...



 sa lettre ouverte que j’ai publié ici hier. Pour la petite histoire, au moment où je vous écris, cette publication approche des 100 000 vues et a eu plus de 43 000 partages sur Facebook. Force est d’admettre que son message est porteur, et je crois que c’est parce qu’il ouvre une perspective positive pour le dénouement de cette crise où la police est un élément clé.
Par contre, comme il en fait mention dans son nouveau texte, un article du Journal de Montréal vient mettre de l’huile sur le feu. On y consigne des extraits d’une entrevue avec un policier qui avoue candidement que l’ordre de foncer vers les manifestants pour les violenter est un « bonbon » :


Comment pouvez-vous rester de glace devant les manifestants qui vous insultent et lancent des objets ?
« Nous sommes formés pour ça. On se retient en se disant que nos boss nous donneront bientôt le go pour foncer. C’est notre bonbon. Ce qui nous fait le plus c…, c’est quand on reçoit des objets et que nos officiers ne nous donnent pas l’ordre de foncer ».
J’ai parlé au téléphone avec René Forget et il n’a pas été surpris d’apprendre que Gab Roy a tellement été fâché par ces propos qu’il a carrément donné un avertissement aux policiers :

Imaginez seulement  quand une centaine d’hommes comme moi vont se tanner et vont commencer à vous remettre vos coups. Pas des cegepiens de 130 lbs, DES HOMMES. Des hommes qui ne vous craignent pas. Des hommes prêts à manger des coups. Des hommes fiers qui ne se soumettront pas. Ce jour-là approche….

Imaginez qu’on en vienne aux coups de la sorte, comment la tournure positive apportée par le mouvement des casseroles pourrait tourner à la catastrophe, à l’émeute dans le vrai sens du terme cette fois-ci. Il ne faut vraiment pas que ça arrive, parce que ça ne ferait que donner raison au gouvernement de durcir encore plus le ton et de faire devenir réalité la rumeur comme quoi l’armée s’en vient prêter main-forte aux policiers…
Sur ce, je vous laisse avec le texte de René Forget :

Chers étudiants,
Vous allez peut-être lire une entrevue publiée dans les pages du Journal de Montréal, sous la plume de Daniel Renaud, qui relaterait une entrevue faite avec un policier. Je vous en conjure, n’y accordez aucune importance.
Je suis convaincu qu’il s’agit d’une fausse entrevue et voici pourquoi :
CE POLICIER EST UN « CASSEUR ».
Le SPVM a des porte-parole officiels et les policiers ne sont pas censés faire de déclarations aux médias. Si cette entrevue est réelle, le policier qui l’a donnée a certainement commis une faute disciplinaire et assurément commis une faute déontologique surtout considérant son manque de réserve.
De plus, la police est un organisme apolitique, le code de déontologie policière proscrit très clairement aux policiers de militer de façon politique et les opinions de ce policier (si l’entrevue est vraie) sont beaucoup trop politisés, militants et pro-Charest, pour que je croie, une seule minute, qu’ils viennent d’un policier qui a un devoir de réserve dans ses propos et d’impartialité dans ces fonctions.
De plus, ce policier, s’il existe bel et bien, ne parle pas au nom de LA POLICE. Au même titre que LES CASSEURS ne vous représentent pas. J’en profite pour vous faire réfléchir sur certains points. Le gouvernement s’est servi des casseurs pour instaurer un climat de peur et justifier l’adoption d’une loi matraque. La population ne reçoit qu’une seule version par les médias, souvent biaisée, et sous la peur, elle a offert son support au gouvernement.
Mais grâce aux médias sociaux et à votre mobilisation, vous êtes en train de faire germer l’idée dans les autres couches de la société, qu’il n’y a peut-être pas de casseurs ou que ces casseurs sont peut-être des agents infiltrés pour « justifier » l’intervention des policiers lorsqu’ils donnent un ordre de dispersement ce qui, à la longue « justifie » les mesures extrêmes prises par le gouvernement. [NDLR : lire à ce sujet : « Black bloc – La police comme élément déclencheur de la casse? »]
Vous avez fait un si bon travail à semer le doute sur l’existence réelle des casseurs, que j’en suis rendu à dire, à qui veut l’entendre, qu’il y a des milliers de caméras de surveillance sur l’île de Montréal et qu’à ce point-ci, je trouve surréaliste le fait qu’encore aucune image de casseur n’ait été publiée. Je voudrais bien qu’on me montre des gens en train de faire de la casse, juste pour voir si ça a vraiment existé. Plus encore, je repense au jeune homme qui s’est filmé avec son cellulaire en train de passer sur un feu rouge. Il a fallu aux policiers de Laval 2 jours pour l’identifier (bien que je ne sois toujours pas convaincu que la SAAQ n’a pas divulgué des renseignements nominatifs de façon illégale), vous ne me ferez pas croire qu’en 100 jours la police de Montréal n’a pas été capable d’identifier, d’arrêter et même d’éradiquer les cellules violentes qui polluaient vos rangs.
Je vous demande de traiter ce policier comme un casseur. Un élément infiltré qui s’en va dire des obscénités dans le seul but de vous sortir de vos gonds.
Supposons que ce type existe vraiment. Il vous le dit lui-même, il veut avoir le « go » pour vous rentrer dedans. Il veut vous frapper dans le ventre et sur les jambes, il veut son bonbon. NE LUI DONNEZ PAS SON BONBON!
Ce texte est truffé de tous les éléments nécessaires pour créer une émeute, il ramène l’idée des enfants-rois, il banalise les enjeux, il invente une statistique ridicule de 20% d’entre vous qui cherchez la confrontation et ce juste pour alimenter la peur chez les baby-boomers et la génération précédente, on sème l’idée qu’il aurait même fallu être plus tranchant et il y a suffisamment d’aberration pour que ce policier S’IL EXISTE soit renier par les autorités, plus tard.
À QUI SERT LA VIOLENCE, ALORS ?
Jean Charest (et un peu François Legault pour avoir appuyé la loi 78). Jean Charest est LA SEULE PERSONNE QUI PROFITE DE LA VIOLENCE. C’est en vous faisant passer pour une génération de casseurs et d’enfants gâtés qu’il a réussi à faire passer son projet de loi dans une partie de l’opinion publique. Mais son pari a échoué, ses appuis s’effritent. LE QUÉBEC NE TOLÈRE PAS DE VOIR SA JEUNESSE SE FAIRE FRAPPER POUR RIEN.
Depuis l’arrivée de la loi 78, vous avez reçu l’appui de plus de 70 groupes importants, de tous les juristes, des partis d’opposition et le Québec au complet a commencé à comprendre que les enjeux vont plus loin que les frais de scolarité.
Mercredi prochain on demande un jugement d’urgence à la cour pour faire suspendre l’application de cette loi immonde. Vous allez être appuyés par plus de 70 organismes qui tiennent la même position que vous, CHAREST VA ÊTRE REPRÉSENTÉ PAR DES AVOCATS QUI LE POURSUIVENT!!!!!
La seule chance qu’il a de ne pas perdre la face MONDIALEMENT, c’est de vous provoquer suffisamment pour que ça vire en émeute et qu’il se présente (peut-être même sans avocat, ha! ha!) et tente de convaincre le juge que sa loi a raison d’être parce que le Québec est dans un état de crise.
NE LUI DONNEZ PAS CETTE SATISFACTION
Je ne suis pas juriste en droit constitutionnel, mais si on arrive à prouver qu’on a été violentés par notre gouvernement, qu’il a violé nos droits et battu notre jeunesse, on est peut-être sur le point de pouvoir légalement exiger sa démission et pas seulement avec une pétition, quoi qu’il en soit il est le seul à tirer profit de la violence.
JE SUIS FIER DE VOUS
Nous sommes rendus au 104e jour de manifestation. Au meilleur de ma connaissance, un seul jour pourrait être qualifié d’émeute et j’ignore si ces événements ont été proclamés émeute en conformité avec les dispositions du code criminel. Certes certains soirs, la manifestation a été qualifiée d’attroupement illégal, mais, une fois encore, j’ignore si les forces de l’ordre peuvent utiliser une loi québécoise pour se conformer à l’article 63 du code criminel, je ne suis pas juriste et je ne prétends pas pouvoir répondre à cette question.
Je vous parle des règles concernant les émeutes parce que les pouvoirs spéciaux donnés aux policiers pour réprimer une émeute sont encadrés par des lois et des règles et les excuses données aux policiers pour utiliser de la force sont elles aussi bien encadrées.
Rappelez-vous toujours que nous sommes dans un état de droit et que la force utilisée par la police sera un jour évaluée par nos tribunaux. Rappelez-vous que le jour où nous porterons un jugement sur la force utilisée, nous serons de retour dans une société calme, gouvernée par le droit et la connaissance et que ces policiers seront jugés beaucoup plus sévèrement en temps calmes qu’en temps tumultueux (ce à quoi j’ai tenté de les sensibiliser dans une précédente lettre).
Rappelez-vous que ces policiers sont vos pères, mères, oncles, tantes, voisins, voisines, les parents de vos amis. Rappelez-vous que plusieurs supportent votre cause. Rappelez-vous surtout que comme les casseurs, les imbéciles qui polluent leurs rangs sont l’exception qui confirme la règle.
SI VOUS SENTEZ LA TENSION MONTER AVEC UN AGENT DE LA PAIX, N’OPPOSEZ AUCUNE VIOLENCE, IL NE RESTE PAS LONGTEMPS AVANT QUE LA LOI 78 NE SOIT SUSPENDUE APRÈS LA TENSION VA DISPARAÎTRE.
NOUS DEVONS FAIRE LA PAIX AVEC NOTRE POLICE… surtout si on veut qu’elle trouve qui est l’irresponsable qui a fait ces déclarations.
P.S. Daniel Renaud et le Journal de Montréal devront également répondre de ce manque de jugement.
René Forget


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