mardi 15 mai 2012

Stratégies fascistes dans la gestion de crise


Vous me direz que j’exagère. Que j’ai atteint le point de Godwin. Que Charest, ce n’est quand même pas Hitler. Je vous répondrai de me laisser procéder à l’épreuve des faits en m’accordant le


D’abord, précisions. Pensez-vous que Hitler a pris le pouvoir en mettant les fours crématoires parmi ses promesses électorales? Détrompez-vous tout de suite. Le fascisme ne se vend pas comme un programme électoral, c’est un climat qui s’installe tranquillement, mais sûrement. Je répète : le fascisme ne défend pas une idéologie précise, c’est un état de la société qui se traduit par un mouvement politique cherchant à exploiter une crise pour en tirer profit et s’accrocher au pouvoir. Ça ne vous dit pas quelque chose?
Parce qu’il ne défend pas une idéologie précise, le fascisme est infiniment adaptable au contexte politique et économique des collectivités qui en voient la résurgence. Il ne s’affichera jamais ouvertement comme fasciste, ce qui lui barrerait le chemin de l’accession au pouvoir qui est son seul but, mais il est reconnaissable à une série de symptômes. Alors, tâchons de voir si ces symptômes sont présents au Québec au moment d’écrire ce texte.
Premier symptôme : Un chef qui incarne la voix du peuple
On parle souvent du « charisme » du leader politique fasciste. Mais ce n’est pas tant le « charisme » qui importe que d’incarner la voix du peuple, parler son langage. Hitler n’était pas particulièrement charismatique, qui plus est, il n’a jamais formé un gouvernement majoritaire. Sa popularité était due à sa capacité de mobiliser la langue à des fins politiques, il parlait le langage du peuple « pour » le peuple.
Depuis le début de la grève étudiante, le gouvernement libéral emploie cette tactique fascisante sur le langage qui vise à vider les mots de leur sens, voire à proposer l’emploi d’un mot plutôt qu’un autre dans le but d’exercer un contrôle sur la population à même sa langue. Le gouvernement affirme qu’il faut dire « boycott », et non « grève », quand il s’agit bel et bien d’une grève étudiante et les journalistes transmettent sans broncher cette information comme si le gouvernement pouvait réécrire le dictionnaire à des fins politiques comme bon lui semble. Pourtant, selon le Petit Robert, une grève, c’est : « Arrêt volontaire et collectif d’une activité, par revendication ou protestation. [Exemple :] Grève des étudiants. » Aussi, le gouvernement martèle des slogans populistes, tels que la « juste part », la « majorité silencieuse » ou « la hausse, c’est seulement 50 sous par jour » comme s’il s’agissait là d’arguments, alors que ce ne sont que des raccourcis intellectuels qui cachent la manipulation des faits
Le terme de « majorité silencieuse » est d’autant plus dangereux qu’il est commode parce qu’il ne signifie rien en soi. Personne ne peut dire en quoi consiste exactement la « majorité silencieuse ». Afin d’exercer le pouvoir en toute légitimité, le fascisme clame que ce sont ses opposants qui sont antidémocratiques, et non lui, car il a été placé au pouvoir démocratiquement. Quelle est donc cette majorité que le gouvernement libéral représente en réalité? Le taux d’insatisfaction de la population envers le gouvernement oscille au-dessus des 70% depuis plusieurs mois. Aux élections de 2008, les libéraux ont obtenu 42,08% des voix, avec un taux de participation de 57,33%. Autrement dit, le pourcentage de la population réelle que les libéraux représentent, c’est 24,12% des Québécoises et Québécois en âge de voter. Se réclamer d’une majorité dans un tel contexte est une falsification des faits, visant à faire croire que leurs décisions politiques sont représentatives de la démocratie alors qu’elles sont prises de manière totalitaire. Les libéraux savent très bien qu’ils n’ont pas besoin de la majorité pour obtenir le pouvoir, reste plus qu’à mentir sur leur représentativité pour en abuser.
Je pourrais consacrer l’entièreté de mon article à démontrer que les libéraux utilisent un langage populiste pour séduire la démocratie de masse, nourrie aux mass médias, mais outre le langage, une autre façon pour le leader politique d’exercer son pouvoir « charismatique », c’est de faire croire qu’il est le seul à pouvoir sauver la société de la « crise » qu’elle vit. Pour ce faire, au Québec, il fallait encore créer une crise.
En ce sens, vous pouvez être sûrs que des élections seront déclenchées sur l’enjeu de la hausse des frais de scolarité avec la grève étudiante comme bouc émissaire. Pas juste parce que c’est le seul dossier sur lequel la population est assez mitigée pour accréditer les politiques gouvernementales, mais aussi parce que le gouvernement a délibérément laissé le conflit dégénérer. Les abus de violence des forces de l’ordre ont aussi une visée politique. Le gouvernement voudrait faire présumer ainsi qu’il est le seul à pouvoir maintenir l’ordre devant cette « crise sociale » où les militantes et militants sont pointés du doigt comme de « dangereux terroristes ».
Cette rhétorique a pour but de pallier à la diminution de la confiance de la population envers ses institutions démocratiques. Le fascisme ne peut s’installer que dans un climat où la société a perdu sa foi envers la démocratie. C’est le cas du Québec, où chacun se doute que plusieurs partis politiques sont impliqués dans des affaires de corruption, où le bien commun est dilapidé au profit d’une minorité bien placée. Cette perte de confiance est profitable sur deux plans pour les libéraux : si moins de gens exercent leur droit de vote parce qu’ils ne croient plus en la politique, cela est susceptible de maximiser la possibilité pour qu’ils retournent au pouvoir (surtout en l’absence d’une opposition organisée) ; si les gens ne croient plus en la politique, ils choisiront le parti qui incarne l’Ordre plutôt que la démocratie.
Or, un parti qui incarne l’Ordre ouvre la voie vers toutes les violences possibles. Ainsi se trouvent justifiés les abus de violence des forces policières. Ainsi le parti Libéral ne s’excusera pas auprès des victimes, des militantes et militants gravement blessés et marqués à vie, car il justifie cette violence par le maintien de l’Ordre.
Deuxième symptôme : Victimisation du peuple, ressentiment et bouc émissaire
Une autre caractéristique du fascisme consiste à victimiser le peuple de façon à capitaliser sur son ressentiment en identifiant clairement un bouc émissaire responsable de tous ses maux. Hitler avait les Juifs. Charest a les étudiantes et les étudiants.
Le fascisme, c’est la politique du ressentiment et de la haine. Sa mise en place repose sur une perte de sens des valeurs, reconnues comme universelles, au sein d’une société donnée, et par conséquent, sur la menace que cette perte de sens représente.
Une façon simple de figurer la menace de cette perte de sens commun dans le discours fasciste est d’observer comment il exacerbera le conflit entre les générations pour se porter garant des valeurs de la communauté. Ainsi, il blâmera la jeunesse d’être différente en pointant cela comme une menace pour la société et ses valeurs. Il faudra la sauver en créant les jeunesses hitlériennes, ou bien, plus près de nous, le MESRQ (Mouvement des Étudiants Socialement Responsables).
En effet, le gouvernement libéral voudrait nous faire croire que le conflit sur la question de la hausse des frais de scolarité est un conflit générationnel : les Y contre les boomers. Qu’il y a les étudiantes et les étudiants d’un côté, les contribuables de l’autre. Que les revendications des étudiantes et étudiants représentent une « menace » pour les « valeurs libérales », la situation économique de la province et la prospérité des « vrais » citoyens. Que les libéraux doivent rester « fermes », quitte à utiliser la répression, devant ce mouvement « antidémocratique » qui porterait atteinte à la « justice sociale » incarnée par l’obligation de payer sa « juste part ».
En l’absence d’un réel projet de société, les libéraux sortent les arguments de la menace économique et de l’endettement public. Ils adoptent une attitude fascisante qui consiste à soulever le ressentiment de la population envers un groupe social au lieu d’accepter de discuter des réels enjeux en négociant, par exemple, le décret d’un moratoire sur la question des frais de scolarité et de la gestion des universités.
Le fascisme exerce son pouvoir grâce à l’exploitation du ressentiment et de la haine dirigés vers un bouc émissaire. Quand les libéraux décident volontairement de recourir à la loi sur le terrorisme pour accuser les présumés suspects qui ont perturbé le métro en les accusant d’attentat terroriste [1], il s’agit là d’attiser la haine et la peur des masses. Les bombes fumigènes ne font pas de mort et l’évacuation du métro n’était pas nécessaire. Les auteurs du véritable complot ne sont pas ceux et celles qui ont placé des bombes fumigènes dans le métro, mais ce gouvernement qui brouille d’un écran de fumée l’opinion des citoyens et citoyennes du Québec.
Le gouvernement actuel ne cherche pas à résoudre les problèmes de notre société, mais à s’en servir pour se hisser au pouvoir et y rester. Il dit agir pour le peuple, mais n’hésite pas à piller ses richesses. Dans toute blague, il y a un fond de vérité… des camps de travail dans le Grand Nord? Les libéraux trouveront bien un euphémisme pour rendre acceptable le pillage de nos ressources et les conditions de travail de moins en moins négociables qui y séviront… Je ne suis pas en train d’essayer de vous faire peur, on jase là.
Troisième symptôme : Mass média et démagogie
Poursuivons dans le même sens puisque les mass média d’un régime fasciste ont le devoir de relayer le ressentiment et d’expliciter la « menace » à travers l’indécente absence de filtre que représente ses voix démagogiques. Que penser du journalisme de bas-étage que nous offre les André Pratte, Richard Martineau et Éric Duhaime, pour ne citer qu’eux, sinon qu’ils sont les acteurs du Ministère fantôme de la propagande libérale?
Leur façon de victimiser la population devant les grévistes, d’inciter à la haine et à la violence, leur diabolisation des grévistes comme une menace à l’ordre établi, leurs tournures de phrase qui résonnent comme des slogans, leurs raccourcis de pensée qui cachent tant bien que mal le vide intellectuel et la défaillance d’esprit critique qui habitent leurs textes… ce sont là toutes des tactiques empruntées au fascisme.
J’aurais pu présenter des milliers d’exemples de ce genre de propagande journalistique qui peuplent l’espace public depuis 13 semaines. Prenons deux exemples récents.
Samedi 12 mai 2012, Éric Duhaime affirme sur Twitter que : « Porter un #CarréRouge ce matin, c [sic] comme porter une burka dans un avion après le 11 sept. Ça rend les usagers autour nerveux. » L’association de symboles entre le carré rouge, les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et le fondamentalisme religieux est grave. Il s’agit d’énoncer par une association d’idéologies que, d’une part, les grévistes sont des extrémistes, des terroristes et vouent un culte aveugle à leur cause. D’autre part, il dissocie les « usagers » du métro et les grévistes, tout en affirmant une peur généralisée qui n’existe pas. Le but est de répandre la peur et la haine. Goebbels avait les Juifs, Duhaime a les carrés rouges.
Dans sa chronique du 11 mai 2012 [2], Richard Martineau, quant à lui, procède par la victimisation. Il prend le parti du droit individuel contre le droit commun afin de victimiser ces « laissés-pour-compte » de la démocratie étudiante. Les carrés verts seraient « intimidés, harcelés, menacés » par la démocratie directe des Assemblées Générales. Ce genre de propos visent à accentuer le ressentiment des verts envers les rouges. Or, tous les étudiantes et étudiants sont des laissés-pour-compte du gouvernement actuel, qu’ils soient rouges ou verts. Tous voudraient retourner en classe. Tous. Ils sont abandonnés, intimidés, harcelés, menacés par la répression policière, judiciaire et l’attitude antidémocratique du gouvernement et des médias qui refusent de reconnaître la légitimité du mouvement étudiant. Et pas seulement les étudiantes et étudiants qui portent le carré rouge, mais aussi  tous ceux et celles qui les appuient. Le gouvernement a abandonné le fardeau du conflit aux professeurs, pris entre leurs convictions, leurs relations d’enseignement, les injonctions et les directives des directions. Il a abandonné le fardeau du conflit aux institutions scolaires qui doivent gérer la pression sociale, celles des injonctions ainsi que celle de la pression financière et administrative d’une prolongation ou annulation de session. Il a abandonné le fardeau du conflit à la Ville de Montréal qui doit composer avec les manifestations, les perturbations du système et la charge financière des services de police et autres.
Pourquoi? Parce que le gouvernement s’en bat les couilles. Parce que le fascisme entretient la haine contre les intellectuels, l’art, la culture et le cosmopolite, ce dont Montréal, métropole du Québec, est la figure de proue avec sa plus forte concentration estudiantine, intellectuelle, artistique et culturelle au Québec. Ainsi, titiller la haine des régions envers la métropole n’est qu’une tactique de plus à laquelle on peut ajouter l’argument de l’opinion publique, infiniment reproductible et malléable.
Dans une société démocratique, nous discuterions démocratiquement de ce conflit au lieu d’être pris en otage par des médias qui ne relatent pas des faits, mais se font les véhicules de la propagande et de la répression étatiques. À force d’exacerber la haine et le ressentiment en vertu de la liberté individuelle contre tous ceux qui portent le carré rouge, ces pseudo-journalistes sont en partie responsables des appels à la violence qu’on a pu constater sur les médias sociaux cette semaine et qui sont clairement fascistes. [3]
Quatrième symptôme : Le tabou de l’élite et instrumentalisation du savoir
Au Québec, il y a toujours eu une sorte d’inconfort lié à l’élite ; inconfort qui n’est pas, a priori, fasciste. Or, le ressentiment qu’utilise le discours fascisant pour parvenir à ses fins passe par un dénigrement de l’élite intellectuelle et artistique. Par conséquent, dans un Québec qui a toujours mis à mal ses intellectuels et traite de plus en plus ses artistes de « béesses de luxe », une récupération fasciste de ce ressentiment passera presque inaperçue.
Le ressentiment devant l’élite vient d’un idéal égalitaire qui suppose que l’élite détient un savoir plus grand, et par conséquent, un avantage auquel le reste de la population n’a pas droit. Ce ressentiment tend à niveler la société par le bas, ce qui contribue à approfondir sa crise de sens et à l’anéantir dans l’individualisme, ce dont le régime politique peut amplement tirer profit. Cela devient d’autant plus un cercle vicieux si la classe politique, utilisant cette hargne pour se justifier, tente de restreindre l’accès démocratique aux études universitaires, nid de cette condamnable élite intellectuelle et artistique, comme c’est le cas présentement.
C’est dans la misère intellectuelle que germe le fascisme. Comme les tenants québécois de cette stratégie politique ne recherchent que le profit économique et la préservation de cette misère intellectuelle, ils croient juste d’instrumentaliser l’enseignement de façon à ce qu’il soit profitable à l’économie de marché. Financer la recherche pour les intérêts des entreprises privées, plutôt que financer l’enseignement, c’est abaisser le savoir au niveau du marché. Faire de l’étudiant un consommateur-payeur de l’université, l’endetter jusqu’à plus soif, c’est l’assujettir à la répression économique qui fait régner l’ordre social.
L’instrumentalisation du savoir et ses visées idéologiques ont été amplement discutées. À ceux qui voudraient en savoir plus, je suggère les livres de Eric Martin et Maxime Ouellet, Université Inc, ainsi que de Normand Baillargeon, Je ne suis pas une PME.
Il est vrai que cela est d’abord une idéologie néo-libérale, mais le rendu est de plus en plus fascisant. La « juste part », autre expression propagandiste et vide, tend à mobiliser un sentiment d’injustice chez la population contre le groupe que représente les étudiantes et étudiants, comme s’ils vivaient une situation économique bien plus enviable. La gratuité scolaire est balayée du revers de la main sous le prétexte de « j’ai payé, tu vas payer». Ce prétexte n’est pas une réflexion enrichissante pour la société qui la pousserait à se définir, c’est l’argument du ressentiment qui la pousse vers la haine, tout comme le sont les accusations concernant les biens matériels que possèdent les étudiantes et étudiants (ordinateurs, cellulaires, etc.) Ainsi le discours fasciste s’adapte à la société matérialiste en pointant du doigt ce que possède le bouc émissaire. Si on a accusé les Juifs d’avoir usurpé toutes les richesses de l’Allemagne nazie, ici, ce sont les étudiantes et étudiants qui sont accusés d’avantages matériels qu’ils ne mériteraient pas.
Cinquième symptôme : Crise des valeurs (politiques)
Le fascisme s’installe dans un climat de crise des valeurs. En aucun cas la complaisance ne peut aider à la lutte contre le fascisme. Beaucoup ont pensé que les libéraux se tiraient dans le pied à de nombreuse reprises et qu’ils ne seraient jamais réélus, que ce soit dans le dossier du mont Orford, dans sa façon de poser des bâillons, dans sa nomination des juges, dans le dossier de la corruption dans la construction et j’en passe. Pourtant, les libéraux arrivent à se faire réélire et ils pourraient y arriver encore parce qu’ils tirent partie des crises dont ils sont pourtant responsables. Ils siègent devant une gauche désorganisée et divisée à qui ils attribuent tous les problèmes d’ordre économiques.
La perte de confiance de la population à l’égard de ses institutions démocratiques met au même niveau, avec raison, le parti Libéral et le parti Québécois. L’Action démocratique du Québec, désormais affiliée à la Coalition Avenir Québec, ne vaut guère mieux que les deux autres et  représentent une véritable mine de politiques au service d’intérêts privés. Si Québec Solidaire, Option Nationale et le parti Vert constituent un semblant d’espoir pour la gauche, c’est une gauche fragmentée et aucun de ces partis n’est en mesure de présenter des candidats dans la totalité des circonscriptions québécoises.
Dans ce climat de crise politique, le parti Libéral a beau jeu. Puisqu’il n’y a plus de morale politique, puisqu’il n’y a plus valeurs absolues qui hisse la politique vers une éthique suprême : toutes les dérives de la soif de pouvoir sont permises.
Dans un tel contexte, la liberté change de sens. Elle n’est plus rattachée à des valeurs universelles telles que la justice, la vérité, le bien commun, la compassion qui permettent l’accomplissement individuel et collectif, mais plutôt à la satisfaction immédiate des désirs et des pulsions individuelles qui s’exprime dans le moi-je-moi-je-moi-je. C’est par l’aplatissement de la valeur universelle de liberté vers l’individualisme que sont permises les injonctions pour retour en classe au détriment du droit commun dans l’actuelle grève étudiante. Pour satisfaire ces pulsions individuelles à l’encontre des valeurs qui donnent un sens à la vie en communauté, le recours à la violence (judiciaire et policière) est accrédité comme gardien de l’ordre. Ça aussi, c’est du fascisme.
La résistance
Ce que j’ai tenté de montrer dans ce texte, ce n’est pas que le parti Libéral est fasciste, mais qu’il utilise des stratégies fascistes à des fins électorales dans sa gestion de la crise. Il porte aussi certains symptômes du fascisme en lui-même, comme l’absence d’un réel projet de société et une forme sévère d’opportunisme politique pour s’accrocher au pouvoir.
Si le gouvernement n’a pas réussi à convertir tous les journalistes et intellectuels en leur faisant dire « boycott » au lieu de « grève », par exemple, c’est parce qu’il y a une résistance. Et je salue tous ceux et celles qui résistent, autant les étudiantes et étudiants, que les professeures et professeurs, journalistes, intellectuels, artistes, l’ensemble de la population, peu importe son point de vue sur la grève, qui arrivent à résister aux discours fascisants, à la propagande et à la haine. Au ressentiment, nous devons opposer l’empathie ; au refus de négocier, aux politiques antidémocratiques, aux décisions totalitaires, nous devons opposer le dialogue et les projets de société.
Il n’y a pas 36 000 façons de résister au fascisme. C’est une politique de la haine à laquelle nous ne pouvons que répondre par la défense de ce qui nous unit.
Vous pouvez me dire que j’exagère avec le fascisme ordinaire des stratégies libérales, mais nier un problème ne le règlera pas. Je ne le répéterai jamais suffisamment : le fascisme utilise le ressentiment, la haine, le cynisme, la misère intellectuelle et le mépris pour asseoir son pouvoir. Il faut y opposer l’amour, la beauté, le bien commun, l’esprit critique et toutes autres valeurs universelles qui nous lient, comme société, au-dessus du marasme de la perte de sens commun. Il faut refuser le nihilisme et le désespoir qui rendent serviles et font sombrer dans le sentiment d’impuissance. Assurons-nous d’être l’événement de ce que nous sommes, le changement que nous désirons, non comme individu, mais comme société


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